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Publié par Riccardo

Voilà une partie du travail de reécriture du livre "Dimmi chi sei".
Ceci c'est la traduction du chapitre "Francesca" que j'ai fait avec l'aide de deux élèves de Brest : Julie et Juliette.


Livourne est une ville de Toscane, accueillante et tranquille, située sur la côte, léchée par les eaux de la mer Tyrrhénienne et continuellement frappée par le vent Libeccio.

C’est une ville moderne qui doit son importance au port touristique-commercial et à la prestigieuse Accademia Navale.

Même si c’est une ville très provinciale où tout le monde se connait, elle peut être considérée sympa pour le franc-parler proverbial et pour la cordialité innée de ses habitants.

Et c’est juste ici où l’histoire dont j’ai été spectatrice se déroule.

Dans une rue du centre ville, une association culturelle connue depuis longtemps grâce à ses nombreuse activités a siège.

Il est lundi 1er septembre 2008. Mes jours de vacances sont terminés et il est temps de rentrer au boulot. J’ouvre la porte de mon bureau et ai devant moi un panorama semblable à celui de nombreux autres, à qui je suis habituée depuis toujours.

Un grand bureau plein de feuilles et stylos, une calculette et un ordinateur. Un téléphone, un calendrier et trois armoires pleines de paperasses. Aux parois il y a une infinité de souvenirs de mes nombreux voyages et, en témoignage de ça, un planisphère énorme couronné par beaucoup de petits drapeaux rouges qui indiquent les lieux que j’ai visité.

Parfois, pendant les pauses, j’aime l’observer et compter tous les lieux que je n’ai pas encore visité. Il y en a vraiment beaucoup et souvent j’essaye de les imaginer mais je n’y arrive pas toujours, le monde est trop grand !

Quelqu’un dit que pour voyager ce n’est pas nécessaire de partir. Un tas d’écrivains ont voyagé sans jamais se bouger, ils ont décrit des lieux jamais visités et des gens jamais rencontrés.

Mais moi, je ne suis pas si forte.

Qui suis-je ?

Mon prénom est Francesca et à l’heure où j’écris, j’ai 48 ans. Mariée, j’ai un fils vers l’âge de la majorité, Tommaso. Pour rendre ma mère contente, en jeune âge j’ai obtenu mon diplôme de Langues et Littératures Étrangères.

Je ne sais pas trop bien le motif pour lequel j’ai décidé d’étudier la langue anglaise mais le choix s’est révélé sans aucun doute très bien, vu qu’avec le passé cette langue est devenue le moyen de communication le plus répandu à niveau mondial.

Alors que, il y a quelques années, le juste poids et la juste valeur n’ont pas été donnés à cette langue, maintenant nous nous retrouvons dans un monde où tous parlent et écrivent anglais, mais peu de gens connaissent cette langue comme il faut.

Ma carrière d’étudiante universitaire n’a rien eu de particulièrement originale. Chaque matin d’années en années la même gare ferroviaire.

8h23 – Quai 3 – Train Livourne-Pise.

Une marée d’étudiants et jamais assise. Vitre ouverte et chacun de nous avec les mêmes yeux plein d’un future imaginaire, peut-être encore un peu incertain mais sûrement chargé de beaucoup d’envie de faire, d’être, de devenir.

On est en plein dans les années 80 et la génération des Hippies est en train de décoller. C’est la période du « tout et tout de suite ». Aller loin en tout les sens, sans trop penser. Discours, projets, envie de fuir, mers lointaines, langues différentes et aventures prêtes à vivre.

La sûreté et la force de pouvoir serrer le monde entre ses mains, l’envie de partir pour ne plus se retourner, d’étudier dans une université américaine. Harvard, Berkeley, Yale et les révoltes des étudiants. Le mythique campus. Si différent par les facultés de langues et de littératures étrangères de l’université de Pise de la rue Santa Maria.

L’illusion absurde d’un monde plein de bras tendus qui n’attendent que toi, et tu écoutes avec passion tout ce que les professeurs disent. Tu bois à la lettre leurs cours, en espérant  trouver une lumière qui t’ouvre de nouveaux espaces, qui t’aide à construire ta vie.

Après la fin des études, je me jette dans n’importe quel travail adapté qui se présente devant moi. Je fais l’interprète, la guide touristique, m’occupe de cours privés. L’idée fixe et la plus logique reste, de toute façon, devenir enseignante.

En réalité je n’exerce plus cette profession depuis longtemps. J’ai effacé à jamais de ma tête le Ministère de l’éducation et je ne me suis jamais repentie de ça.

Le cauchemar des queues interminables à l’inspection d’académie pour mendier quelques heures de remplacement est une expérience trop humiliante pour pouvoir être prolongée dans le temps. Mon diplôme de l’université est encadré et accroché depuis toujours sur une des parois de mon bureau. Il fait montre de soi seulement pour une raison publicitaire.

Ça fait vingt-cinq ans que je suis coordinatrice et responsable des cours de langues étrangères de l’association dont j’ai parlé avant. Ceci est mon vrai boulot, inventé dans un jour comme un autre et fait marché avec le juste esprit de compétition de ceux qui, dans les années ’80 et ’90, luttaient pour la carrière et pour tout forme de succès immédiat et éphémère.

Je me souviens parfaitement du jour dans lequel je pris un rendez-vous avec le président de l’association pour lui exposer mes intentions. Créer des cours de langue anglaise pour la population, à la portée de tout le monde. Il me regardait comme si j’avais blasphémé. Il pensait que j’étais folle et il ne me donna aucun encouragement ou espoir, mais je voulus essayer quand même, à mes frais, et maintenant je suis ici.

Je me suis improvisée au fur et à mesure secrétaire, comptable, peintre, plombier et tout ce qu’il fallait. Je ne sais pas bien combien de temps ça durera, mais je suis sûre que tout ce qu’on construit avec patience, enthousiasme et de façon sérieuse sera destiné à continuer dans le temps. Probablement ce n’est pas grâce à moi mais à mon signe du zodiac.

Je suis Capricorne, le signe le plus rationnel et têtu du zodiaque entier.

Je suis précise, obstinée, ponctuelle, déterminée et tenace. Je suis constante et inflexible aussi, j’ai les pieds sur terre,  poursuis seulement les objectifs concrets et je ne m’arrête pas tant que je les ai accomplis. En plus je suis très responsable, et ça ce n’est jamais négatif.

Maintenant j’ai devant moi une nouvelle année, prête à être commencée, construite et menée en avant. Comme toujours je passerai mes aprèm et mes soirées ici, en observant les jeunes qui grandissent, en essayant de capter chaque petit changement du monde du travail pour les aider à trouver un job qui ait besoin d’eux.

Dans ces années j’ai vu passer devant mes yeux beaucoup de gens très différents entre eux, avec des exigences et des désirs différents. Souvent, avec l’aide des mes collègues, je les ai aidés à réaliser leurs rêves. Beaucoup de personnes ont appris des choses dont ils ne connaissaient même pas leur existence et, pour une partie d’eux, ça a été très important  pour ce qui concerne le succès soit scolaire soit du travail. D’autres personnes, à travers de nouvelles connaissances, ont trouvé un job en donnant une signification à leurs vies.

J’ai écouté de nombreuses expériences et aventures, des histoires différentes qui se ressemblent et qui se mêlent les une avec les autres. Au-delà de chaque exigence il y a toujours eu, en tout cas, l’envie d’appliquer, de façon constructive, le temps libre et de rester avec les autres. « Un moment d’association », comme dit toujours Benedetto, mon chef.

Faire marcher les choses au mieux n’a pas été toujours facile. Il a fallu beaucoup de patience. J’ai toujours dû faire face à un public loin d’être simple.

Permettez-moi de dire un mot au sujet de mes concitoyens. La soi-disant maudite irrévérence toscane, sarcastique et pleine d’ironie. Comme Curzio Malaparte l’a justement dit :

 

A esser italiani tutti sono boni : ci son riusciti perfino i piemontesi e i siciliani ! Ma provati a esser toscano, se ti riesce.

[Tout le monde est capable d’être italien : même les Piémontais et les Siciliens en sont été capables ! Mais essaie d’être Toscane, si tu y arrives !]

 

En effet au-delà de la description géographique que j’ai fait au début, Livourne est une petite île anarchique où chacun est convaincu d’avoir le droit de faire ce qu’on veut.

La population est surtout composée de gens avec la peau froissée par le soleil et par le sel de la mer. Souvent ils sont grossiers et ils parlent fort en utilisant un ton plus élevé que la moyenne nationale et mondiale. Ils sont, pour tradition et culture, effrontés, débraillés et désinvolte, tous un peu tire-au-flanc, généralement impatients et intolérants à n’importe quel genre de règle ou constriction. Et moi je suis comme eux.

 

Baldi e fieri venite o compagni

L’inno sacro al trionfo s’intoni

Salga l’urlo dei nostri polmoni

Hip hurrà, hip hurrà, hip hurrà!

 

Campi e prati baciati dal sole,

il bel mare increspato dai venti,

ecco i luoghi dei nostri cimenti,

i teatri del nostro valor.

 

L’amaranto è la nostra bandiera

Giovinezza la salda speranza

Nella forza la sola baldanza

Fine e premio soltanto l’onor

 

Je viens juste de penser à tout ça quand le téléphone sonne.

 

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J
<br /> excellent travail :)<br /> <br /> <br />
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