Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Archives

Publié par Nino

Cas de conscience de Julien Sorel par Nino

Livre second, Chapitre 31, page 509, ligne 12

Passage qui précède le monologue :

Julien courut dans la loge de madame de La Mole. Ses yeux rencontrèrent d’abord les yeux en larmes de Mathilde ; elle pleurait sans nulle retenue, il n’y avait là que des personnages subalternes, l’amie qui avait prêté la loge et des hommes de sa connaissance. Mathilde posa sa main sur celle de Julien ; elle avait comme oublié toute crainte de sa mère. Presque étouffée par ses larmes, elle ne lui dit que ce seul mot : Des garanties !

Au moins, que je ne lui parle pas, se disait Julien fort ému lui-même, et se cachant tant bien que mal les yeux avec la main, sous prétexte du lustre qui éblouit le troisième rang de loges. Si je parle, elle ne peut plus douter de l’excès de mon émotion, le son de ma voix me trahira, tout peut être perdu encore.

Cas de conscience de Julien Sorel par Nino

Monologue :

 

J'ai comme du mal à respirer, comme une vague impression de ne pas être moi-même, que ce mensonge m'amène à disparaître. Mathilde mérite-t-elle cela ? 

De toute évidence elle le mérite. Elle m'a fait aimer, puis espérer, puis à nouveau aimer, puis encore espérer. Finalement elle ne m'apporte que souffrances. Qu'a t-elle de plus finalement ?  Malgré ses beaux yeux, son regard est il si gracieux ? Est-elle si bien vêtue ? Son teint est-il si éblouissant ? Sa façon de parler si douce ?  De toute évidence, même sans y répondre, je me sais quand même fou amoureux d'elle. Et lui mentir comme cela, me fait encore plus souffrir qu'elle. 

Sa main est si douce mais si froide, cette main qui autrefois était si chaude. Est-ce que ce sont les premiers symptômes d'une personne qui se perd en amour ? Ses larmes reflètent un être qui n'est plus que guidé par l'amour, un être sans âme, un soldat qui obéit aux ordres qu'on lui a donnés. Les battements de mon  cœur paraissent ralentir, s'atténuer, s'arrêter. Serait-ce le sien? Comme un signal pour me prévenir qu'elle est maintenant mienne ? Peut être n'est ce qu'une simple feinte de l'ennemie. Je ne cesse de douter.

Le prince Korasoff ne m'avait pas assez mis en garde sur la difficulté de cette mission. Mais si j'abandonne et lui dis la vérité, je serai faible. Comme une victime désertant le champ de bataille. Je me dois de rester courageux, de rester fort, de faire face. Plus jamais je ne dois douter de ma force. Ce secret restera entre moi et le prince Korasoff.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article