i-voix aux mains d'argent - Florilège 5 2014-2015
Effraction, immersion, contraction, dilatation, substitution : tout au long de l'année, les lycéens d'i-voix ont aimé couper-coller-insérer-remplacer... dans des oeuvres variées.
A la manière des cut-up de William Burroughs, des cadavres exquis surréalistes, des centons oulipiens, des MashUp vidéos, ils explorent ainsi, à l'ère du numérique, une façon originale de s'approprier des textes littéraires et d'en créer de nouveaux. Cette activité, ludique et pédagogique, permet de comprendre de l'intérieur l'univers d'un auteur, de faire résonner en soi ses mots, de partager les sensibilités et les imaginaires, de travailler la langue, de faire jaillir de soi des éclats de poésie. Alors peut-être la littérature retrouve son pouvoir de vibration et de façonnement.
Saurez-vous reconnaître les oeuvres qu'ils ont ainsi goulûment dépecées, chirurgicalement charcutées, poétiquement électrocutées ?
Tim Burton - Edward aux mains d'argent
Un poème reste l'ombre d'un poème, enfin !
Le poème, ombre de la main, forte bohème,
La main, chance du corps tendu, faible et blême,
Vers l'autre corps, miroir brisé des mots carmins.
tu dis : « Il y a des jours où je mens — avec du dégoût aussi et de la colère. »
tu dis : « C’est pas leurs vies qui me font peur, mais la haine qui se concentre en chacun. »
tu dis : « C’était si impossible de demeurer spectateur. »
tu dis : « De se prétendre blindé, aussi. »
tu dis : « Et à ceux qui raillent en souriant ce qu’ils appellent ton pessimisme, ou ton prétendu goût du tragique... »
tu dis : « Rien à leur rétorquer — et se préparer à les abandonner. »
tu dis : « Elles ressembleront à quoi les nouvelles marques de l’humanité ? »
Comment
vous parler
de solitude ?
Mon unique compagnon
d'écriture
cogne à ma porte
et me laisse
interrompue.
Légèrement penché
ce baiser m'appartient.
Unique présence de corps
sur corps
et papier fou
sur pièce de sang.
la nuit masque maintenant les fenêtres - ça commence là - c´est le chemin - le chemin vers le visible - le chemin vers le retour le retard la position du corps immobile - chaque jour nous jouons - après le rêve - l´invisible nous regarde – la nuit nous jouons -
Entre
deux mains nouées
chaque étoile est nommée
une étoile est tombée
vous pourriez voir
s'il n'y avait pas de brouillard
d'une rive à l'autre
il faut perdre la mémoire
au fond de la mer à boire
éclairel'espéranceetcommejadisdanslesterresd'enfancetracetonsillondroitsousleregardcomplicedesétoiles
Par les chemins qui cognent
les estampes copient les mots
Les couleurs, au centre, sauvées par la pluie
le ciel est foutu d'écarts
Nous pesons si peu
oiseaux cousus dans le vent
sans autres murmures
je te regarde souterraine
creusant un abri pour la peine.
mue sans cesse par l’aube muette
la voix cassée comme augurale
retourne le silence de plomb
d’une pierre à l'autre, cette autre
chair de mots où se prend
un peu de jour encore
entre les mains, entre mes mains, ce rien
que la lumière entoure,
à travers les mailles du filet
même le pas perdu
ici sans devenir, sans avenir,
seulement le lendemain,
lui-même cette roche
on devine le vent, sans voix,
tout ce qui se dérobe sous son aile,
toutes les feuilles crissent,
et soi — passage aveugle.