Voltaire / Rousseau 2 - Jardins d'Eden
VOLTAIRE : En quel honneur êtes-vous venu me rendre visite?
ROUSSEAU: Pour vous rendre hommage, Monsieur.
VOLTAIRE : Je vous en remercie! Qu'avez- fait aujourd'hui ?
ROUSSEAU : Des promenades solitaires. Rien d'extraordinaire. Mais quel bonheur toutefois !
VOLTAIRE : Tiens donc ! Que c'est amusant !
(...)
VOLTAIRE : C'est vrai que vivre dans la nudité et l'ignorance et l'inconfort, c'est très ambitieux. Je laisse cela aux animaux.
ROUSSEAU : Non ce n'est point cela, dont je suis venu vous faire part.
VOLTAIRE : Je m'en doute. Quel idiot aurait voulu dormir dehors s'il avait eu le choix entre un lit et un sol bien dur.
ROUSSEAU : Je suis d'accord avec vous. Cependant les somptueux palais nous font oublier la simplicité de la vie. La nature est une source continuelle d'apaisement.
VOLTAIRE : Qu'est-ce qui vous fait penser cette étrange idée?
ROUSSEAU : Tout d'abord, je suis maître de moi-même. Cet état libère mes plus profonds sentiments et engendre mon épanouissement. Seul ce luxe suffit à me combler de bonheur.
VOLTAIRE : Comment pouvez-vous aimez cette vie solitaire?
ROUSSEAU : Je ne vis pas seul. Je vis avec mon chien, ma chatte et mon domestique. Ce sont également mes amis.
VOLTAIRE : J'aime le partage. Si on ne possède rien, on ne partage rien. J'aime les besoins et plaisirs nouveaux. Rien de tels que les échanges entre différents pays.
(...)
ROUSSEAU : J'aurais bien voulu mener cette vie poétique durant toute mon existence. J'ai trouvé mon jardin d'Eden.
VOLTAIRE : Le paradis terrestre est où je suis.
ROUSSEAU: Je vous salue, avec ma plus tendre estime, mon cher chef, et m'en vais brouter l'herbe.