Florilège - Livres enrichis 2017-2018 3
Un livre a deux auteurs : l'écrivain et le lecteur.
Recherche,
Découverte.
Inconnu, toi qui m'animes
Je désire te rencontrer.
Une personne, un couple.
Seulement, et pourtant
Une infinité.
Elle m'attrape. S'introduit dans mon esprit. Envahit mon cerveau. Coule. Je fais n'importe quoi. Je voulais pas faire ça. Je comprends pas. J'avais promis de ne plus boire. Mais je suis pas alcoolique. Vous avez bu une bouteille de whisky à vous tout seul aujourd'hui. C'est pour aller mieux. Je déprime quand je bois pas. Ma femme m'a quitté et mon fils ne me parle plus. J'ai pas fait exprès. Je regrette. Je veux réussir ma vie. Arrêter de boire. J'essaie d'aller mieux. Mais elle est toujours là. Elle guette. Ma dépendance colle comme du goudron. Il est mort ? Oui. Je suis seul contre le monde.
j'aurai eu des joies
mais seulement éphémères
cela m'a traversée
comme l'effet papillon
qui m'empêche de dormir
Aujourd'hui le soleil joue à cache-cache avec la pluie et il se cache derrière les nuages
Aujourd'hui le soleil est chiant quoi parce qu'il est pas là et que j'en ai besoin
Aujourd'hui le soleil aveugle ceux qui regardent dans mes lunettes de soleil
Aujourd'hui le soleil est levé tôt mais moi levée tard je m'en fous
Aujourd'hui le soleil a pas voulu venir c'est qu'il est égoïste quand il s'y met
Aujourd'hui le soleil illumine mon jardin il fait briller les gouttelettes de rosée du matin sur les brins d'herbe
Aujourd'hui le soleil comme il est pas là tout le monde râle et moi aussi
Aujourd'hui le soleil il est agréable je sens sa chaleur sur ma main tenant un livre sur la terrasse du café
Aujourd'hui, j'ai essayé de peindre. Enfin, pas peindre, mais dessiner, pour commencer. Je ne sais pas pourquoi, ça m'est venu comme ça, d'un coup. Comme une illumination. J'ai eu envie de laisser ma trace. Qu'on puisse se souvenir de moi plus tard grâce à ça.
J'ai commencé avec quelque chose de simple. Quelques éclats de graphite sur une page blanche. Un truc basique. Puis, j'ai dessiné un cercle. Il était très joli, ce cercle. Je l'accrochai au mur de mon bureau. Ça avait plutôt bien commencé, j'ai commencé à avoir de l'espoir.
Ensuite, je me suis attaqué à du lourd : la nature morte. C'était peut-être un peu trop audacieux pour un début, mais j'étais confiant. Et puis, c'étaient des choses simples : trois pommes, une pipe et un couteau, posés sur une table. J'ai attrapé un crayon et une feuille, et me suis assis à mon tabouret. Mes sens ont commencé à s'éveiller, j'ai pris une grande inspiration. J'étais toujours confiant, je savais que j'allais réussir. Et pourtant, je n'y arrivais pas. J'ai essayé de commencer par les malicieuses pommes. Je les trouvais réconfortantes, rassurantes. Mais leurs courbes irrégulières, si simples à l’œil mais tellement compliquées à saisir, m'ont échappé. J'avais l'impression qu'elles me fixaient, qu'elles se moquaient de moi, elles qui m'étaient si amicales la minute auparavant. Les traits sur ma feuille partaient dans tous les sens. Je perdais le contrôle de mon crayon. J'ai regardé ma feuille : c'était n'importe quoi. Un gribouillis, un brouillon ; même un enfant de 12 ans aurait pu faire mieux. Je la déchire et la met à la poubelle. J'ai eu honte de ce que j'avais fait. Mais je ne me laisse pas abattre, je mets ça sur le compte de la fatigue, du fait que ce soit lundi... Je recommencerai demain. Je dessinerais bien un animal...
Le racisme n'est pas de la nourriture mais certains en mangent quand même. Ils dévorent ce sentiment de supériorité, se délectent de son pouvoir, se lèchent les babines de sa méchanceté et de sa bêtise. Les palets de ceux sous lesquels le racisme s'est caché pointent du doigt les affamés. Mais les affamés sont libres. Les affamés aiment. Les affamés protègent. Les affamés sont comblés. Les affamés sont repus de la diversité de leur assiette. Les rassasiés, eux, meurent de la pauvreté de leur assiette. La bouche dans laquelle s'est logé le racisme crie des injures. Le racisme s’engloutit et se déglutit instantanément. Il y a de ces nourritures détestables à regarder, vomissables à entendre. Il doit être indigeste. Le racisme.
Je
Prends
Un
Saumon
Je
Le
Retourne
Il
Me
Regarde
Je
Le
Décortique
Prends
Une
Cuillère
Le
Hache
Il
Se
Faufile
Je
Me
Baisse
Ils
Sont
Là
Ils
Me
Décortiquent
Nu