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Publié par i-voix

 

Sur internet, il faut se méfier des fakes : fausses informations, hoax, rumeurs, complotisme, manipulations, "vérités alternatives", photos trafiquées, décontextualisées, recontextualisées ...

Pour bien s'en rendre compte, pour apprendre à s'en méfier, pour développer une distance critique, pourquoi ne pas en fabriquer à son tour ?

En voici quelques exemples, réalisés par les lycéen.nes i-voix 2017-2018 et nourris des œuvres lues : faux papiers, faux agendas de poètes, fausses biographies, fausses cartes Pokemon, fausse histoire littéraire ...

A travers ces fakes littéraires, à travers ces lectures d'invention, à travers cet exercice de l'imaginaire, n'est-ce pas un peu de la vérité de l’œuvre que l'on effleure ?

 

Florilège - Fakes littéraires 2017-2018
Florilège - Fakes littéraires 2017-2018

 

Ce midi, alors que j'étais tranquillement attablé devant mon café sur la terrasse du restaurant du port, j'ai assisté à une scène plutôt... inhabituelle, si le mot vous convient. Derrière mon journal, un homme venait d'achever son repas. Il semblait plutôt pauvre et n'était pas richement vêtu. A l'arrivée du ticket de caisse, l'homme paru embarrassé. Ce qui suivit attira mon attention : contrairement aux clients habituels, il n'a pas déposé sa monnaie ni sa carte bancaire dans la coupelle destinée à cet effet, mais s'est emparé d'un stylo et s'est mis à écrire au dos du ticket. Intrigué, je l'ai regardé faire sans broncher. Après avoir entièrement rempli le papier blanc, l'homme mystérieux se leva et quitta le restaurant.

Alors, l'idée m'est venue d'écrire un poème autour de cette expérience particulièrement atypique. J'ai imaginé le texte qu'aurait pu écrire l'homme, à l'adresse du serveur. Des mots touchants, poignants qui révèlent l'humanité de cet homme, malgré le manque d'argent pour payer son repas. Après plusieurs heures de travail et plutôt satisfait du résultat, j'ai intitulé mon écrit du jour Poème à laisser sur la note au moment de payer l'addition.

 

Journal intime d'Antoine Mouton par Mona

 

Florilège - Fakes littéraires 2017-2018

 

Aujourd'hui, j'ai essayé de peindre. Enfin, pas peindre, mais dessiner, pour commencer. Je ne sais pas pourquoi, ça m'est venu comme ça, d'un coup. Comme une illumination. J'ai eu envie de laisser ma trace. Qu'on puisse se souvenir de moi plus tard grâce à ça.

J'ai commencé avec quelque chose de simple. Quelques éclats de graphite sur une page blanche. Un truc basique. Puis, j'ai dessiné un cercle. Il était très joli, ce cercle. Je l'accrochai au mur de mon bureau. Ça avait plutôt bien commencé, j'ai commencé à avoir de l'espoir.

Ensuite, je me suis attaqué à du lourd : la nature morte. C'était peut-être un peu trop audacieux pour un début, mais j'étais confiant. Et puis, c'étaient des choses simples : trois pommes, une pipe et un couteau, posés sur une table. J'ai attrapé un crayon et une feuille, et me suis assis à mon tabouret. Mes sens ont commencé à s'éveiller, j'ai pris une grande inspiration. J'étais toujours confiant, je savais que j'allais réussir. Et pourtant, je n'y arrivais pas. J'ai essayé de commencer par les malicieuses pommes. Je les trouvais réconfortantes, rassurantes. Mais leurs courbes irrégulières, si simples à l’œil mais tellement compliquées à saisir, m'ont échappé. J'avais l'impression qu'elles me fixaient, qu'elles se moquaient de moi, elles qui m'étaient si amicales la minute auparavant. Les traits sur ma feuille partaient dans tous les sens. Je perdais le contrôle de mon crayon. J'ai regardé ma feuille : c'était n'importe quoi. Un gribouillis, un brouillon ; même un enfant de 12 ans aurait pu faire mieux. Je la déchire et la met à la poubelle. J'ai eu honte de ce que j'avais fait. Mais je ne me laisse pas abattre, je mets ça sur le compte de la fatigue, du fait que ce soit lundi... Je recommencerai demain. Je dessinerais bien un animal...

 

Journal intime de Simon Martin par Manuel

 

Florilège - Fakes littéraires 2017-2018

Journal de mes pensées profondes

 

Aujourd'hui fut un supplice sans nom, écrire ce poème sur ma vie est compliqué, bien plus que je ne l'aurais imaginé. Il faut réfléchir à chaque mot, chaque syllabe, tout doit être lié, entremêlé, vérité. Je formule mes phrases pour les rendre compréhensibles tout en étant ordonné et désordonné à la foi, les phrases s'enchaînent et s'assemblent, s’emboîtent et se déboîtent dans un chaos empli de sens. 

Avoir fui Paris à pied fut une expérience éprouvante, j'ai pu me perdre et me recentrer, me trouver et me changer, transmettre la complexité de ces émotions par écrit n'est pas sans difficulté mais je continuerai, dans une heure, demain, dans un mois, je vais rendre ce poème à mon image, l'image que j'en ai eue lorsque je l'ai vécu. 

 

A demain, journal... Ou à plus tard.

 

Journal intime d'Antoine  Mouton par Lauriane

 

Florilège - Fakes littéraires 2017-2018

20 Avril 2013


Il a recommencé. Une fois encore son poing s’est  mis à danser. De haut en bas, résonnant sur mes côtes, mon dos, mon ventre, chaque partie de mon corps. Ce n’est pas de sa faute. Je le sais. Alcool.Drogue.Alcool.Drogue. Encore. Et toujours. Cela fait bientôt  deux ans que ses nerfs cèdent et que j’en suis la victime. La prison, une case par laquelle il est si souvent passé. Mais qui semble ne rien changer. Il continue. Mais il est désolé et moi déboussolé. Je suis accablé de doutes. Partir me semble parfait mais il me retrouverait. Il me l’a déjà dit : Pars. Je te retrouverais. Je te ferai subir des tourments pires que la mort. Alors je reste et des fois je pense avoir fait le bon choix. Il revient du bar avec des bonsoir chérie. Un bouquet de fleurs et une petite boite de douceurs. Et l’instant d’après c’est reparti pour une danse infinie. Il ne s’arrête pas avant que je ne finisse inconsciente sur ce sol si froid avec pour me tenir compagnie seulement l’espoir, qu’un soir il ne rentre pas. Mais je sais au plus profond de moi que ça n’arrivera pas.

 

Journarl intime de Sophie G. Lucas par Eléa

 

Florilège - Fakes littéraires 2017-2018

L.L.L n°29 Mars 2016

Cher journal, 

       Pour trouver l'inspiration pour un thème particulier il faut d'abord rechercher une certaine imagination. Et c'est long, alors je m'efforce de trouver des idées en avance, mais cette fois ci ce sera la nature où j'irai me balader qui fleurira mon esprit. Bien entendu une ballade dans le parc public qui se trouve à côté fera l'affaire avec un peu d'invention imaginaire.

      Imagine-toi au bord d'une étendue d'eau claire avec un petit ponton. On pourrait dire que cela serait au milieu. Ensuite, de l'autre côté un saule triste et un banc en béton. Puis, je traverserai mais c'est là que je glisserai. J'entre dans l'eau froide et prenante. Engloutis mon être comme si l'on brisait les barrières du monde. Enfin, rejaillissant de l'eau telle une ondine je brandirai mon esprit vaillant à la conquête de l'inspiration.

 

Journal intime de Laura Vazquez  par Jeanne

 

Florilège - Fakes littéraires 2017-2018

Biographie imaginaire de Laura Vazquez

à partir de ses vidéopoèmes

 

Laura Vazquez vit enfermée, son seul lieu avec l’extérieur, le monde, c’est ses vidéos. En effet, elle est constamment observée, surveillée à ses moindres faits et gestes : qu’elle soit dans la rue, en voiture, chez elle, en train d’écouter de la musique ou encore de chanter. 


Ses vidéos sont son seul lien avec le monde extérieur car ce que très peu savent c’est qu'au-delà d’appels à l’aide ce sont de vrais mots de passe qu’elle nous transmet. N’avez-vous jamais remarqué que son expression est toujours la même, neutre voire triste : c’est parce que ses traits sont la clef pour déchiffrer ses nombreux messages. Mais chut ! Il faut que ça reste un secret, des vies sont en jeu. D’ailleurs ces vidéos ne devraient même pas fuiter car si on peut avoir accès à elle c’est bien grâce à un complice qui travaille au quartier général de surveillance et qui intercepte ces images et les montent en vidéo. Bien sûr si nous pouvons les voir EUX aussi !

 

Fake bio de Laura Vazquez par Suzon

 

Biographie imaginaire de Laura Vazquez

à partir de sa chaine de vidéos L.L.L.

Fake bio - Laura Vazquez

Laura Vasquez

Laura Lisa Leslie Vasquez est une jeune femme vivant nulle part et partout à la fois. Elle ne chante ni ne danse. Mais exprime avec des mots. Elle ne crie ni chuchote. Mais nous parle.

 

Ses moments de vie:

En juillet 2015, Laura ne souhaite pas créer une thérapie de groupe pour les cyborgs mais geler son front (et c'est son choix)

En Août 2015, Laura est quelque peu pessimiste : la bombe dans son sac éclatera même s'il n'y en a pas.

En Septembre 2015, Laura prend conscience que ses sentiments sont composés à 99,99 d'eau de source (heureusement qu'elle se trouve dans une combinaison).

En Octobre 2015, Laura doute. Peut-on recommencer deux fois le même geste ?

En Novembre 2015, Laura nous livre son souvenir de l'Auè=-delà : ils ont tous décidé de s'arrêter dans un point. La mort est un point ?

En Décembre 2015, Laura met un point d'honneur à applaudir après un top départ et à pleurer car il faut sauver l'univers.

En janvier 2016, Laura s'inquiète de ne pas avoir de jardin. Alors elle creuse une tombe en forme de feuille et y dort avec son ordinateur. Elle est plutôt fière d'avoir un plan pour tout.

En février 2016, Laura écrit un message à un inconnu : " un bébé n'est pas une reine, tout le monde est transparent. Nage."Il ne lui répondit pas.

En Mars 2016, Laura ne voit pas la belle rivière, alors elle se casse les dents contre le ciment. Et les spécialistes lui disent : "Belle bête !"

En Avril 2016, Laura a un problème avec ses bras : elle trouve qu'ils poussent dans le mouvais sens.

En Mai 2016, Laura cherche un visage mais celui-ci ne flotte pas au-dessus de la prison. Elle ordonne alors à son neveu :"Mange ton assiette"

En juin 2016, Laura nous donne un précieux conseil : de mettre notre meilleure tenue, car si on meurt ce sera notre tenue de fantôme (et cette tenue c'est pour tout la v...mort !).

 

Sa vie :

Laura a un chat au pelage tigré aux reflets roux et aux yeux verts. C'est son plus fervent admirateur. Même s'il ne l'écoute pas toujours. Elle possède également une bibliothèque remplie de livres et un poster du poète Antonin Artaud sur sa porte. Laura vit dans une ville où il il y a souvent du soleil.

 

Fake bio de Laura Vazquez par Clara

 

Florilège - Fakes littéraires 2017-2018

Biographie imaginaire

Laura Vazquez est née le 14 décembre 1990 à Caen en France. Quand elle était petite, elle vivait avec sa grand-mère qui était sa plus grande source d'inspiration. Elle s'appelait Elizabeth Vazquez, et "passait son temps à faire quelque chose avec ses mains : elle tricotait, écrivait, peignait, dessinait...", nous explique Laura dans une interview chez Inspi'Mag. Un jour elle a décidé de se filmer chaque jour à dire un mot pour en faire une vidéo par mois, elle dit "tout ce qui [me] passe par la tête, que ça ait du sens ou non". Vous pouvez retrouver ces vidéos originales sur sa chaîne Youtube "Laura Vazquez". 

 

Fake bio de Laura Vazquez par Youna

 

Fake Bio - Simon Martin

Biographie imaginaire de Simon Martin 

 

Né en 1978 à Paris, Simon Martin est un journaliste passionné d’art, de littérature et de photographie. Après avoir passé plusieurs années en Chine, il retourne en France où il se lance dans l’étude et dans la pratique de l’art pictural. En 2015 il gagne le concours du Centre national du Livre et du conseil régional d’Auvergne et son premier recueil de poèmes, « comment je ne suis pas devenu peintre » est publié. 

Biographie imaginaire d'Anne Malaprade

Anne Malaprade est née de l'union de Henri Malaprade et Anne-Marie Malaprade le 11 janvier 1993 à Bordeaux. Ses parents étant tous deux écrivains, elle a baigné dans l'univers de la littérature dès son plus jeune âge, et d'ailleurs ses parents lui lisaient souvent des poèmes d'Arthur Rimbaud ou des fables de La Fontaine. C'était une élève brillante à l'école, et notamment, bien sûr, en français. Une des ses professeures a témoigné qu'elle avait déjà "une écriture réfléchie et très mature" en primaire. Ses années collège ont, en revanche, été très sombres : elle fut victime de harcèlement pendant très longtemps sans que ses parents ne le sachent. Sa mère est morte lorsqu'elle avait 15 ans dans un accident de voiture. Elle a commencé à sombrer dans une dépression alors qu'elle n'était qu'en classe de quatrième. Elle se mit alors à écrire un journal intime, qu'elle a publié depuis, pour oublier sa douleur. Elle est aujourd'hui éditrice et auteure, et a réalisé trois courts-métrages, dont un intitulé Vacances derrière les arbres.

 

Fake bio d'Anne Malaprade par Manuel

 

Fake bio - Anne Malaprade
Florilège - Fakes littéraires 2017-2018

 

Nom : Obscuris

Prénom : Elène

Naissance : à l'aurore

Signes particuliers :

  • des étoiles dans les yeux
  • un brouillard qui camoufle son cœur

Caractère :            

  • timide lorsqu'elle ne connait pas
  • lunatique parfois

Couleur préférée : rouge

Père : Ian Monk

Mère : Inconnue

 

Fausse carte d'identité à partir d'un site de Ian Monk par Clara

 

La disparition de Louise Labé ?

(...)

Rétablissons une vérité historique : non seulement Louise Labé a écrit de magnifiques sonnets, mais elle doit même être considérée comme la véritable inventrice de l’OuLiPo !

Il n’est qu’à considérer les patronymes des pseudo-fondateurs du mouvement pour se rendre à l’évidence.

François Le Lionnais est né à Boulogne-Billancourt : son patronyme serait-il une simple coïncidence ? Nous ne le croyons pas : il s’agit bel et bien d’un hommage rendu à la capitale de la Renaissance française dont Louise Labé fut une des voix les plus novatrices.

Et le nom même de Raymond Queneau, si bizarre, ne viendrait-il pas lui aussi de Louise Labé ? Dans sa lettre-préface à Mademoiselle Clémence de Bourges, lyonnaise, elle appelait les femmes à « passer ou égaler » les hommes « non en beauté seulement, mais en science et vertu » : « à élever un peu leurs esprits par-dessus leurs quenouilles et fuseaux ». Un hasard paranomastique ? Là encore, nous ne le croyons-pas. Surtout pour un mouvement littéraire qui a pu se définir ainsi : « « l'OULIPO, c'est l'anti-hasard » (Claude Berge).

On sait que l'OuLiPo s'est donné pour missions non seulement d'inventer et d'expérimenter de nouvelles contraintes, mais aussi de recenser "les plagiaires par anticipation" (terme savoureux que reprendra à son tour l'essayiste Pierre Bayard) : les écrivains qui tout au long des siècles ont goûté le pouvoir  créatif de la contrainte.

Or, si l'Oulipo a rendu hommage à la virtuosité technique des Grands rhétoriqueurs du début de la Renaissance, le mouvement s'est bien gardé d'évoquer Louise Labé comme poétesse fondatrice tant elle a su exploiter les contraintes et les potentialités du sonnet marotique. Une nouvelle tentative pour effacer la Belle Cordière de l'histoire de la poésie ? Comme si les femmes, une fois de plus, devaient renoncer à leur place dans une littérature qui, patrimoniale ou avant-gardiste, serait avant tout une affaire d'hommes ?

Membres de l'OuLiPo en 1975 : où sont les femmes de lettres ? qui a effacé Louise Labé ?

Membres de l'OuLiPo en 1975 : où sont les femmes de lettres ? qui a effacé Louise Labé ?

Révélation littéraire

Louise Labé, fondatrice de l'OuLiPo : les lycéen.nes i-voix en apportent aujourd'hui la preuve !

Dans le grenier de sa maison brestoise, une élève (qui, par modestie, a préféré garder l'anonymat) a même retrouvé un stupéfiant manuscrit : les Sonnets de Louise Labé écrits de la main de la Belle Cordière elle-même !

Or ce manuscrit présente d’intéressantes variantes par rapport au recueil publié en 1555 par Jean de Tournes. Des variantes particulièrement originales puisqu’on découvre que Louise Labé y invente le lipogramme cher à l’auteur de La disparition : dans tous les vers originaux de ces sonnets manuscrits il manque la lettre E !

Les lycéen.nes i-voix, qui goûtent tout au long de l'année sur leur blog le pouvoir créatif des contraintes, ont aussi le souci de la vérité historique et le gout de l'analyse. En témoigne cet atelier de travail singulier, intitulé "Louison Lab" : un ouvroir de retranscription et de commentaire des décasyllabes oulipiens de la belle Cordière.

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