Invitation au voyage - La Toscagne vue par Anaëlle
Il est un pays superbe, un pays de Toscagne, dit-on, que je rêve de visiter tout au long de ma vie. Pays chaud, bordé de mer et noyé dans les sons des voix et des cloches et qu’on pourrait appeler la Livourne de Bretagne, tant les prés sont desséchés par les rires innombrables et capricieux.
Un vrai pays de Toscagne, où tout est beau, avant dévasté par des armes, où la brume des pleurs montés s’est accrochée aux statues de pierre, où les éclats jaunes, oranges et bleus du linge au balcon se reflète dans l’immensité du ciel gris. Les paroles vite défilent et l’on chante trois langues réunies par les liens de l’interconnaissance. Un lieu où les galets sont mariés aux pavés ; où la cuisine est grasse et abondante, des crêpes à la bolognaise et des kig ha gelato dansent : où tout nous mélange.
Oui, c’est là qu’il faut aller respirer et allonger les heures par l’infini des sensations, regarder les visages
cristallins, admirer les mains de velours aux paumes cornées. Les plus belles mains qui tissent des toiles de songes ! Un musicien a écrit the Wind of Change, ; quel est celui
qui composera the Wind of Continuity qu'on puisse se le garder comme un bon souvenir ?
Quand des Hommes comme nous venus d’ailleurs nous proposeront des boules à neige et des reptiles. A chaque recoin de ruelles, nous entendrons résonner les cris anguleux et radieux des aiguilles
se mélanger aux éclats des vagues. C’est là qu’il faut aller vivre, c’est là-bas qu’il faut aller mourir ! Oui c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon renaître. Là-bas où les heures
plus lentes s’étirent aux ponts argentins contre lesquels la mer cogne sa volupté et fera danser les bateux avides de passagers. Aux terrasses, nous tremperons nos lèvres moites et bourrues
dans l’écume des cafés brûlants.
Un vrai pays de Toscagne, vous dis-je où tout est riche et poli comme une pierre précieuse, comme un oeuf dans les mains d'un enfant tout neuf, comme une guitare neuve, comme une bijouterie
bariolée ; unique comme nous. Dans des couloirs sans fin se dessinent des visages de peintures béates, des paysages et des odeurs fructueuses et légères. Immenses, solides et tordues, des
colonnes de cidre pareilles à la tour de Pise se dressent et percent les regards anxieux. Les fenêtres aux dorures éclairent les chambres sombres cachant les amoureux encore endormis dans leurs
lits d’olivier comme Ulysse et Pénélope. Des sculptures tiennent compagnie aux vieilles veuves prenant leur bain de soleil derrière le persiennes. Chaque soir auront lieu des Fest Noz dans
d'immenses cathédrales aux domes vertigineux. Les rhapsodies fusionnent aux braillements des goélands. Mais que c'est beau ! Quel art nouveau !
Des rêves ! Toujours des rêves ! et plus l'âme est ambitieuse
et délicate, plus les rêves l'éloignent du possible ! Chaque nous renaît entre le crepuscule et l'aube et à chacune des heures qui s'écoulent, je renoue mes deux origines pour n'en creer qu'une.
N'existera -t-il jamais en réalité, ce pays de Toscagne où nous avons connu pour quelques jours nos pareils ? Vivrons nous jamais dans ce tableau qu'a peint mon esprit, ce tableau qui nous
ressemble ?