Présentation - Journaux vidéos de personnages
La Pudeur ou l'Impudeur est un documentaire du romancier Hervé Guibert sur les derniers temps de sa vie de malade du sida. Le film est réalisé entre 1990 et 1991 et diffusé à titre posthume en janvier 1992.
Journal vidéo est un film réalisé en 1992 par le dramaturge Jean-Luc Lagarce : ce journal intime vidéo résume deux années de la vie de son auteur depuis 1988 où il apprend sa séropositivité jusqu’en 1990 où il écrit à Berlin la pièce Juste la fin du monde.
Un même format (la vidéo), mais des écritures différentes.
Dans son film, bouleversant, à travers des séquences tantôt dures tantôt poétiques, Hervé Guibert montre son corps malade et se met en scène dans son appartement, chez ses grand-tantes, à l’hôpital, sur l’île d'Elbe …
Dans son film, étonnant, dérangeant, sous la forme de notes télégraphiques, d’instantanés photos ou vidéos, Jean-Luc Lagarce donne à voir le flux des rencontres, des lectures, des événements de la vie quotidienne ou professionnelle, des problèmes de santé, des voyages …
Un même enjeu (donner à voir comment la proximité de la mort change le rapport à la vie), mais des sensibilités différentes.
Hervé Guibert affronte brutalement la maladie, qu’il raconte dans ses romans autobiographiques et qu’il représente dans son film de façon parfois crue. Face à la mort qui vient, son œuvre vibre comme un cri : « Dans la cour de l’hôpital éclairée par ce soleil de juin qui devenait la pire injure au malheur… cette certitude me défigura dans le regard des passants qui me croisaient, ma face en bouillie s’écoulait dans mes pleurs et volait en morceaux dans mes cris, j’étais fou de douleur, j’étais le Cri de Munch ». (À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie)
Jean-Luc Lagarce met à distance la maladie. Dans le film, il ne se montre pas, mais tente de saisir son propre regard sur le monde. Dans la pièce Juste La fin du monde, le héros Louis est venu annoncer à sa famille sa mort « prochaine et irrémédiable ». Mais à la fin de la pièce, il exprime son regret de n’avoir pu crier sa vérité : « Ce que je pense / (et c’est cela que je voulais dire) / c’est que je devrais pousser un long et beau cri, / un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée, / que c’est ce bonheur que je devrais m’offrir, / hurler une bonne fois, / mais je ne le fais pas, / je ne l’ai pas fait. » (Juste La fin du monde)
La pudeur ou l’impudeur ?
Dans son Journal vidéo, même s'il le fait différemment d'Hervé Guibert, Jean-Luc Lagarce prend malgré tout le risque de se mettre à nu sans se montrer, de dévoiler ses amours, d’évoquer son SIDA : ce que précisément Louis ne fait pas dans la pièce, ce qu'il ne parvient pas dire à ses proches.
Dire ou ne pas dire, telle est la question ?
La vidéo permettrait-elle de dévoiler ce que les mots ne permettent pas toujours d’exprimer ?
Et si les personnages de la pièce Juste La fin du monde, si empêtrés dans leurs problèmes de communication, réalisaient eux aussi leur propre journal vidéo pour mieux se révéler ?
Et si on transformait en You Tubeurs les personnages de théâtre Louis, Suzanne, Antoine, Catherine, la mère ?
A venir :
les journaux vidéos des personnages
de la pièce Juste la fin du monde
réalisés par les lycéen.nes i-voix !
OBJECTIFS
- S'approprier la pièce et ses enjeux en nouant une relation personnelle avec les personnages
- Développer des compétences de créativité, de collaboration, d’expression orale, d’écriture numérique
- Explorer la question de la pudeur dans ses dimensions psychologiques, littéraires, numériques …