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Publié par i-voix

 

 

 

"Les parfums, les couleurs et les sons se répondent" 

 

(CHARLES BAUDELAIRE  : Correspondances)


 

 

  Répondant à l'invitation de Baudelaire, les lycéens d'i-voix ont tenté de représenter, sous forme schématique, les correspondances qui dans notre imaginaire forment l'espace du symbolique.

 

 

 

Schéma symnolique 2010 1

 

 

 

Schéma symnolique 2010 2

 

 

 

 

LE RESEAU DE LA NUIT


http://www.paris-hallal.com/blog/wp-content/uploads/2008/08/lune.jpgSource image

 

 

 

 

 

Un rêve

 

 
J'ai rêvé tant et plus, mais je n'y entends note. Pantagruel, livre III.

 

     Il était nuit. Ce furent d'abord, — ainsi j'ai vu, ainsi je raconte, — une abbaye aux murailles lézardées par la lune, — une forêt percée de sentiers tortueux, — et le Morimont grouillant de capes et de chapeaux.


     Ce furent ensuite, — ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte, — le glas funèbre d'une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d'une cellule, — des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque fleur le long d'une ramée, — et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnent un criminel au supplice.


     Ce furent enfin, — ainsi s'acheva le rêve, ainsi je raconte, — un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisants, — une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d'un chêne, — et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue.


     Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente; et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d'innocence, entre quatre cierges de cire.


     Mais moi, la barre du bourreau s'était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs s'étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s'était écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, — et je poursuivais d'autres songes vers le réveil.

 

 

 

ALOYSIUS BERTRAND  - Gaspard de la nuit (1842)

 


 

 

 

Spleen

 

 

Pluviôse, irrité contre la ville entière,
De son urne à grands flots verse un froid ténébreux
Aux pâles habitants du voisin cimetière
Et la mortalité sur les faubourgs brumeux.

 

Mon chat sur le carreau cherchant une litière
Agite sans repos son corps maigre et galeux;
L'âme d'un vieux poète erre dans la gouttière
Avec la triste voix d'un fantôme frileux.

 

Le bourdon se lamente, et la bûche enfumée
Accompagne en fausset la pendule enrhumée
Cependant qu'en un jeu plein de sales parfums,

 

Héritage fatal d'une vieille hydropique,
Le beau valet de coeur et la dame de pique
Causent sinistrement de leurs amours défunts.

 

      

 

CHARLES BAUDELAIRE - Les Fleurs du Mal (1857)

 

 

 

 

 

Colloque sentimental

 

 

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

-Te souvient-il de notre extase ancienne?
-Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?

-Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois tu mon âme en rêve? -Non.

-Ah! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches! -C'est possible.

Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir!
-L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
 

 

PAUL VERLAINE - Fêtes galantes (1869)

 

 

 

 

Sonnet

 

(Pour votre chère morte, son ami.)

2 novembre 1877


— « Sur les bois oubliés quand passe l’hiver sombre
Tu te plains, ô captif solitaire du seuil,
Que ce sépulcre à deux qui fera notre orgueil
Hélas ! du manque seul des lourds bouquets s’encombre.

Sans écouter Minuit qui jeta son vain nombre,
Une veille t’exalte à ne pas fermer l’œil
Avant que dans les bras de l’ancien fauteuil
Le suprême tison n’ait éclairé mon Ombre.

Qui veut souvent avoir la Visite ne doit
Par trop de fleurs charger la pierre que mon doigt
Soulève avec l’ennui d’une force défunte.

Âme au si clair foyer tremblante de m’asseoir,
Pour revivre il suffit qu’à tes lèvres j’emprunte
Le souffle de mon nom murmuré tout un soir. »

STEPHANE MALLARME - Poésies (1899)

 

 

 

 

http://storage.canalblog.com/60/75/707407/50640735.jpg

TIM BURTON - Sleepy Hollow (1999)


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