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Publié par Fiona

 

 

 


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Pages 88 et ses suivantes, voilà mon épisode préféré…
Enfin, « préféré » c’est vite dit, parce qu’il n’y a rien que je j’aime dedans, je le déteste même. Et pourtant, c’est celui-ci qui reste gravé dans mon esprit. , la chaleur suffocante du désert mexicain qui rappelle au personnage principal celle atroce de ses premières années de vie. L’horreur du bombardement de sa ville, où périssent sa mère et sa mémoire.

« Il entend le mugissement d’un orgue colossal, d’assourdissant coups de cymbales, le vrombissement de millions de tambours. Un orchestre fou joue dans le ciel, il joue avec des instruments d’acier, de feu. Son tumulte s’engouffre jusque dessous la terre, qui tremble et hurle. »

D’abord le champ lexical de la musique, l’Art, puis petit à petit, l’horreur monstrueuse, l’art de détruire, par l’Homme.

« Il voit des torsades d’un jaune cru, des coulées vermeilles, des éclaboussures d’un oranges aveuglant tomber du ciel, lacérer la nuit. Une orgie de couleur à la fois visqueuses et limpides. De gigantesques crachats d’or et d’écarlate pour couronner la ville défunte. »

Ensuite le champ lexical des couleurs, un gigantesque tableau de massacre peint par la guerre, avec au milieu du vomi de couleurs, un petit garçon de cinq ans.

« Mais ses pleurs cessent d’un coup quand il voit la femme qui lui tenait la main se mettre à valser dans la boue, les gravats, avec un gros oiseau de feu accroché à ses reins. Le rapace déploie ses ailes lumineuses et en enveloppe la femme, des cheveux aux talons. »

Enfin, une image terrifiante, frappante et fulgurante, la métaphore filée de la mère qui brûle par l’aigle du Reich dans sa déchéance ou l’aigle de la Royal Air Force dans sa victoire.

Et l’explication rationnelle suivante, dans un « Notule », expliquant les faits : « Au cœur de l’été 1943 (…) Royal Air Force (…) effectua une série de raids sur Hambourg. (…) but de l’opération (…) anéantir la ville en la réduisant entièrement en cendres (…) dix milles tonnes de bombes explosives et incendiaires. » est peut-être encore plus terrifiante.

Les images sont d’une netteté telle frisant l’insoutenable que l’on se croirait dans la ville anéantie, et pourtant elles sont englobées dans un voile d’imaginaire, peut-être dans l’esprit de l’enfant totalement perdu. Parce que c’est ça, dans « Magnus » qui est le plus frappant. Dans beaucoup de pages, on oscille entre conte et réel, on vacille entre rêve et réalité. Arriver à mettre de la poésie et du fabuleux sur le hachoir de l’Histoire, pour peut-être arriver à s’en extirper, c’est peut-être ça, Sylvie Germain.
 


(Aïe, j‘ai encore écris une plombe. Re-désolée.)

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