Confession - Sawda
Je m'adresse à toi, mon Dieu, pour te délivrer mes dernières paroles.
Fut un temps, je pensais que vivre dans l'ignorance, comme mes parents m'y incitaient, était juste. Ne chercher à savoir ni le pourquoi ni le comment. Toute ma jeunesse on m'a répété d'"oublier", mais je t'en prie, laisse moi me rappeler à travers ces mots une des personnes les plus importantes de ma vie. L'encre à mon crayon écrit ici ma naissance, ma vie et ma mort : cette encre écrit aussi sur Nawal Marwan, ma grande amie et celle qui a changé ma vision du monde.
Pour cette femme, pleine de courage et de volonté, de détermination et de savoir, qui m'a enseigné la vie et a fait de moi quelqu'un, je prie. Je ne te demanderais rien qui me concerne, mais elle à qui je dois tout, permets-lui de trouver ce que ses yeux ne peuvent pas voir mais que son cœur cherche.
Je t'avoue avoir parfois eu des doutes suite à mon départ : "Est-ce que j'ai fais le bon choix ?", "Que va penser ma famille ?", mais Nawal m'a délivré de tous ces doutes. Par elle j'ai tant appris, et je n'ai jamais su comment la remercier de cela.
A quelques heures de ma mort, j'écris pour elle. J'ai décidé de tuer mon ennemi en me tuant moi-même : je ne vois aucun autre moyen pour elle et moi de réussir. J'ai péché dans ma vie, j'ai tué de ma main, mais je pense que mes raisons sont justifiées : cette personne, que je n'ose appeler "homme" par son manque d'humanité, avait tué. Il avait tué parce qu'untel avait tué un tel qui avait lui aussi tué untel. J'écris "tuer" bien trop de fois, et suis moi-même rentrée dans ce cercle vicieux mortel, qui me mène à ma perte en toute conscience. Je ne viens pas pleurer ma future mort, Dieu, mais je prie pour Nawal : elle a déjà tant perdu. Guide-la vers son fils, qu'elle cherche éperdument.
Mes doigts commencent à trembler, mais je me dois de continuer : je confesse ici mes frayeurs, alors laisse moi te dire : j'espère que tu m'accueilleras une fois que j'aurais quitté cette Terre, tout comme tu ouvriras tes bras pour Nawal lorsque son heure viendra. L'encre coule au rythme de mes larmes, alors que je ne suis pas triste. Ces pleurs ne sont que le résultat de mes espoirs, que j'espère fructueux, envers le futur de mon amie.
J'ai encore tellement à dire. Mais il n'y a plus d'encre au bout de ma plume, il est temps d'arrêter d'écrire.