Journal de Louise Labé - 2 février 1555
Page du journal intime de Louise Labé
rédigée le jour de l'écriture de son sonnet 2
Comme très souvent, ce matin, je suis sortie de Lyon, pour aller me promener dans la forêt de St-Cyr-au-Mont-d'Or.
J'y ai croisé Olivier... Olivier de Magny. Je l'ai rencontré il y a quelque temps, je suis vraiment tombée sous son charme, il est comme le diable qui a aspiré mon âme, à la différence qu'il s'agit de mes sentiments. J'ai l'impression de ne vivre plus que par son regard. Il est comme de l'absinthe que je ne pourrai arrêter de consommer. Mais pourquoi ces yeux si beaux et envoûtants ne se posent donc plus sur moi ? Ou plus de la même manière qu'avant ? Pourquoi est-il différent de la première fois ?
À mon plus grand désespoir. Je n'en sais rien. Pour quelle raison est-il si froid maintenant alors qu'il y a encore quelque temps son regard était si chaud, à tel point de m'embraser ? Je ne puis m’empêcher d'espérer, je ne puis abandonner, pas maintenant que je brûle de l’intérieur pour cet homme, je m'enflamme quand je le vois, je m'enflamme en sa présence. Il est impossible pour moi de taire mes sentiments, ces sentiments fous m'ont inspiré un sonnet.
Je le trouve incroyablement juste, surtout dans le dernier tercet, j'ai rendu exactement ce que je ressens sur le papier. J'en suis fière, c'est peut-être de la prétention, mais il faut bien que je le confesse, je pense que c'est un beau poème. Il représente bien ce que j'ai ressenti aujourd'hui, dans la forêt lorsque Oliver ne m'adressa plus le même regard. À ce moment précis, j'ai senti comme un vide, un vide dans mon esprit, dans mon corps, dans mon cœur. Olivier est un charlatan, un maître du feu, un sorcier, un ensorceleur, un alchimiste auquel j’appartiens corps et âme. Je n'y peux rien, c'est plus fort que moi, quelque chose me pousse à m’abandonner à lui. Une force divine nous a réunis et je ne peux fuir. Après tout, qu'y a t il de mal à aimer un homme ?
L'aimer passionnément, à la folie, à la vie, à la mort, jusqu'au bout, jusqu’à la fin de ma vie. Je crois que cette balade en forêt m'a fait me rendre compte que je ne peux pas me battre face a cet amour et qu'il vaut mieux mourir plutôt que de vivre sens.
2 février 1555 : Sonnet 2 - Journal intime de Louise Labé
https://www.diariste.fr/journal/louise-labe/260804,2-fevrier-1555-sonnet-2.html
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