Mémo Monologue - Lorenzaccio (II, 6)
La tirade se déroule entre la page 124 et 125 (l'Acte II, scène 6) de Lorenzaccio écrit par Musset, au moment où il laisse tomber la cotte de mailles de son cousin dans le puits....
Une scène de cette œuvre de Musset que j'ai beaucoup appréciée et à laquelle j'ai décidé d'ajouter quelques lignes ...
Cliquez ci-dessus pour écouter la tirade de Lorenzo devant le puits...
LORENZO
Sans votre chère cotte de mailles, Duc, comment parviendrez-vous à vous protéger de la lime la plus aiguë ? Ou de votre cousin ?
En la laissant tomber au fond de ce puits, même votre plus fidèle serviteur, ou votre meilleur compagnon de débauche ne se risquerait à aller la récupérer !
Sans cette armure, Alexandre n'est plus qu'un Homme sans aucune protection, et tout peut l'atteindre. Qu'il est drôle de l’apercevoir allongé comme Jules César sur son fauteuil à travers la fenêtre... Prends garde, Alexandre, que cette position allongée dans laquelle tu te tiens, ne soit pas définitive comme ce fut le cas pour le grand César qui de la main de son cher Brutus perdit la vie...
Maintenant, que te voilà nu dans ton palais, mon cher cousin, ne me reste plus qu'à trouver un moyen de surmonter ma frayeur des lames et de percer ton ventre ainsi que d'étaler ainsi ton infecte tripaille à la vue de tous... Ah Brutus, comme il est doux pour moi de suivre un si illustre modèle !
C'est à la vue de tous, que Brutus poignarda César. Pour ma part, c'est loin des lumières du monde et dans l'alcôve de mon cher cousin que je serai tapi prêt à bondir pour éteindre la lumière et faire jaillir les ténèbres.
Et dans cette épreuve difficile, je suis le seul sur qui je peux compter, et je me le jure, je ne faiblirai point devant lui. J'accomplirai mon devoir, jusqu'à ce qu'il trépasse.
Mais tout ce temps passé à regarder au fond de ce puits ont attiré le regard de Giomo sur moi.... Filons ! Avant qu'il ne se doute que la carapace Ducal ne séjourne désormais à douze pieds d'eau glaciale.
Il rentre au palais d'Alexandre de Médicis.
Fichier:Portrait Brutus Massimo.jpg - Wikipédia
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Portrait_Brutus_Massimo.jpg
lien de la photo de la sculpture de Brutus
Si j'ai décidé dans cette tirade, de comparer Lorenzo à Brutus, c'est parce que lui même, tout au long de l'ouvrage, lui porte une certaine admiration. En effet, ces deux personnages se ressemblent : ils sont animés par un désir de vengeance et de liberté, face à un tyran. (Jules César pour Brutus, Alexandre de Médicis pour Lorenzaccio).