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Publié par Emma

Enluminures - L'Œuvre au noir

Nous avons retrouvé dans un scriptorium un exemplaire du roman L’œuvre au noir avec de nombreuses enluminures. Nous avons décidé d'en partager quelques-unes avec vous.

Tout d'abord, L’œuvre au noir est un roman de Marguerite Yourcenar, publié en 1968. Ce livre raconte l'histoire de Zénon, un médecin venant de Bruges qui a voyage beaucoup et qui est très intelligent. Ce roman est composé de trois parties, et il est question du passage du Moyen-Age à la Renaissance. On voit beaucoup le contraste entre l'obscurantisme religieux et entre les savants comme Zénon qui apportent de nouvelles idées et des nouvelles qualifications, en chirurgie par exemple. On voit donc dans ce livre comment Zénon essaie de changer les choses et de passer à une société plus tolérante. C'est l'histoire d'un monde et d'un homme, tiraillé entre la société du Moyen-Age, et entre une nouvelle société : celle de la Renaissance.

 

Comme ce roman est composé de 3 parties, qui sont : La vie errante, La vie immobile et La Prison, nous avons choisi 3 extraits qui se trouvent chacun dans une des parties.

1. Le premier est un extrait où Zénon explique sa vision de la médecine, ainsi que du monde, à son cousin Henri-Maximilien. Cet extrait se trouve de la page 148 à la page 149, dans la première partie du roman.

Je tâtais des pouls, j'examinais des langues, j'étudiais des urines et non pas des âmes... Ce n'est pas à moi de décider si cet avare atteint de la colique mérite de durer dix ans de plus, et s'il est bon que ce tyran meure. Le pire ou le plus sot de nos patients nous instruisent encore[…] Les explications analogiques qui m'auraient jamais paru élucider les secrets de l'univers me semblaient pulluler à leur tour de nouvelles possibilités[…] L'étude des horoscopes ne me semblait plus aussi profitable qu'autrefois[…] Je m'irritais que l'homme gaspillât ainsi sa substance propre à des constructions presque toujours néfastes, parlât de chasteté avant d'avoir démonté la machine du sexe, disputât de libre arbitre au lieu de peser les mille obscures raisons qui vous font ciller si j'approche brusquement un bâton de vos yeux, ou d’enfer avant d'avoir questionné de plus près la mort.

2. Le second extrait se situe dans la deuxième partie, de la page 218 à 219. Cet extrait est une réflexion de Zénon, où il pense à la médecine et au corps humain.

Quoi qu'il fît, sa méditation le ramenait au corps, son principal sujet d'étude. Il savait que son équipement de médecin se composait à parts égales d'habileté manuelle et de recettes empiriques, supplémentées de trouvailles expérimentales elles aussi, menant à leur tour à des conclusions théoriques toujours provisoires : une once d'observation raisonnée valait en ces matières plus qu'une tonne de songes. Et pourtant après tant d'années passées à anatomiser la machine humaine, il s'en voulait de ne pas s'être hasardé plus audacieusement dans l'exploration de ce royaume au frontières de peau, dont nous nous croyons les princes, et où nous sommes prisonniers. […] Couché sur le dos, rétractant les muscles du ventre, dilatant la cage du thorax où va et vient cette bête vite effrayée que nous appelons un cœur, il gonflait soigneusement ses poumons, se réduisait sciemment à n'être qu'un sac d'air faisant équilibre aux forces du ciel. 

Enluminures - L'Œuvre au noir

3. Enfin , le dernier extrait est un désaccord entre Zénon et le chanoine de Campanus, qu'il connaît depuis son enfance. Cet extrait est page 419.

- Vous avez bien perdu votre foi dans la sublime excellence de l'homme, dit-il en secouant tristement la tête. On commence par douter de Dieu...
- L'homme est une entreprise qui a contre elle le temps, la nécessité, la fortune, et l'imbécile et toujours croissante primauté du nombre, dit plus posément le philosophe. Les hommes tueront l'homme.

Enluminures - L'Œuvre au noir

Après de nombreuses recherches, nous avons retrouvé l'enlumineuse de ce roman et nous avons décidé de l'interviewer.

I-voix : Pourquoi avez-vous choisi précisément d'enluminer ces extraits du roman ?

Enlumineuse : Ces 3 extraits représentaient bien la réflexion de Zénon, sa représentation du monde ainsi que de ces centres d’intérêts.

J'ai choisi le premier extrait car Zénon y explique ici la médecine. Il dit que peu importe qui est le patient, il le soignera toujours. Il explique aussi qu'il ne croit pas en l'astrologie et en toutes ces « superstitions de village ». C'est un passage intéressant car il montre l'importance de la médecine pour cet humaniste ainsi que sa remise en cause des croyances de l'époque. On remarque donc bien les évolutions de mentalité.

Le second, je l'ai sélectionné car cet extrait pourrait résumer une partie de la vie de Zénon car il est médecin et que cette discipline a été la plus importante dans sa vie. Il y a d'ailleurs consacré toute sa vie, il l'a risque même, car il a publié des ouvrages sur la médecine, comme Prothéories, qui sera interdit par la Sorbonne. Il sera poursuivi pour ce livre. Cet extrait éclaire la pensée de Zénon sur le corps qui est « son principal sujet d'étude ». Cela montre bien que Zénon place l'homme au centre de ses réflexions et au centre de son monde.

J'ai choisi le dernier parce que ce dialogue est intéressant car c'est Zénon qui répond au chanoine de son adolescence. Ils se connaissent depuis longtemps, et le chanoine, malgré l'amour qu'il porte à Zénon, est opposé à ses idées et à sa vie. Ici, nous avons la vision du clergé ainsi que la vision du philosophe Zénon, qui sont très contrastés.

 

I-voix : A travers ces enluminures, qu'avez vous voulu signifier sur le roman lui-même ?

Enlumineuse : J'ai choisi de mettre en avant Zénon, car c'est le personnage principal et le plus important de ce roman. J'ai mis en valeur son travail de réflexion et toutes ses pensées sur la médecine et sur l'homme. Avec les deux premières enluminures, j'ai décrit sa façon de penser et ses idées. Avec la troisième, j'ai voulu montrer le désaccord entre le clergé et le philosophe. C'est une dispute entre les deux personnages mais on voit que même s'ils ne sont pas d’accord sur plusieurs aspects, ils restent proches car ils se contactent dans un moment difficile, et c'est ce qu'il se passe dans le roman : le chanoine vient rendre visite à Zénon, mêle si leurs idées sont totalement opposées.

 

I-voix : En quoi ce roman et votre travail éclairent-ils selon vous des caractéristiques de la Renaissance et de l'Humanisme ?

Enlumineuse : Tout d'abord de roman est l'histoire d'un monde partagé entre l’obscurantisme du Moyen-Age et entre l'opposé total : la Renaissance. Ce roman décrit le passage petit à petit entre ces deux périodes. Mon travail éclaire ces caractéristiques, car selon moi j'ai mis le personnage de Zénon au centre, ce qui rappelle la foi en l'homme de l'humanisme. J'ai mis en avant ses connaissances également, qui sont très nombreuses, ce qui renvoie à l'intérêt pour toutes les formes de connaissances. Avec la troisième enluminure, j'ai utilisé les SMS pour montrer la modernité de Zénon, car ses idées sont très modernes, ce qui est caractéristique de l'humanisme et de la Renaissance, qui cherchent à se libérer des dogmes religieux du Moyen-Age.

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