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Publié par Loïc

Cas de conscience de Julien par Loïc

Passage précédant le monologue de Julien :

Le Rouge et le Noir, édition ATLAS, p.212-213.

Le Séminaire.

Trois cent trente-six dîners à 83 centimes,
trois cent trente-six soupers à 38 centimes,
du chocolat à qui de droit ; combien y a-t-il
à gagner sur la soumission ?
Le Valenod de Besançon.
 

Il vit de loin la croix de fer doré sur la porte ; il approcha lentement ; ses jambes semblaient se dérober sous lui. Voilà donc cet enfer sur la terre, dont je ne pourrai sortir ! Enfin il se décida à sonner. Le bruit de la cloche retentit comme dans un lieu solitaire. Au bout de dix minutes, un homme pâle, vêtu de noir, vint lui ouvrir. Julien le regarda et aussitôt baissa les yeux. Ce portier avait une physionomie singulière. La pupille saillante et verte de ses yeux s’arrondissait comme celle d’un chat ; les contours immobiles de ses paupières annonçaient l’impossibilité de toute sympathie ; ses lèvres minces se développaient en demi-cercle sur des dents qui avançaient. Cependant cette physionomie ne montrait pas le crime, mais plutôt cette insensibilité parfaite qui inspire bien plus de terreur à la jeunesse. Le seul sentiment que le regard rapide de Julien put deviner sur cette longue figure dévote fut un mépris profond pour tout ce dont on voudrait lui parler, et qui ne serait pas de l’intérêt du ciel.

Julien releva les yeux avec effort, et d’une voix que le battement de cœur rendait tremblante, il expliqua qu’il désirait parler à M. Pirard, le directeur du séminaire. Sans dire une parole, l’homme noir lui fit signe de le suivre. Ils montèrent deux étages par un large escalier à rampe de bois, dont les marches déjetées penchaient tout à fait du côté opposé au mur, et semblaient prêtes à tomber. Une petite porte, surmontée d’une grande croix de cimetière en bois blanc peint en noir, fut ouverte avec difficulté, et le portier le fit entrer dans une chambre sombre et basse, dont les murs blanchis à la chaux étaient garnis de deux grands tableaux noircis par le temps. Là, Julien fut laissé seul ; il était atterré, son cœur battait violemment ; il eût été heureux d’oser pleurer. Un silence de mort régnait dans toute la maison. 

Monologue de Julien, " Suis-je à ma place ici ? ", l.8

Monologue de Julien, " Suis-je à ma place ici ? ", l.8

Monologue de Julien:

" Suis-je à ma place ici ? "

C'est en ce moment de solitude que Julien se remit en question.

- Quelle ambiance ! Comment peut-on vivre dans un endroit pareil ? Ici les gens ne paraissent pas aimables, en tous cas c'est l'impression que m'a donné le portier, à son allure nonchalante et son sourire invisible, je me doute qu'il n'est pas heureux ici. Rien qu'à mes premiers pas, je ne me sens pas à mon aise, en plus Mme De Rênal me manque déjà, son allure de reine et son sourire pétillant commencent à me faire regretter mon choix. Mais au fait, ai-je le choix ? Je n'en suis pas certain.

Ma tête et mon cœur ne font que se contredire. D'un côté, ma tête me dit de faire ma vie au séminaire, de m'habituer à ce lieu spécial, d'arrêter de me poser des questions car les métiers de l'église me sont destinés, c'est ma voie. Puis d'un autre côté, mon cœur me dit de fuir ce lieu en vitesse, de retrouver Mme De Rênal, de lui montrer et de prouver ce que je ressens pour elle, de faire ma vie à ses côtés, car c'est ma destinée.

Enfin, mon secret, ma passion pour l'empereur dont personne n'est au courant, pas même Mme De Rênal. Si jamais je dévoile cette passion au grand jour, je ne puis rester un seul jour de plus dans ce séminaire. De plus, je me demande quelle serait la réaction de Mme De Rênal si elle apprenait ce lourd secret. En revanche ma conscience serait peut-être libérée et je pourrais vivre pleinement ma vie.

Julien poussa un long soufflement.

Malheureusement je n'ai pas d'autre choix que de rester dans ce séminaire en manque d'austérité, afin que chacun puisse être heureux.

Peut-être un jour aurai-je le courage de dire stop, de faire ce dont j'ai envie, de m'épanouir dans ma vie et d'arrêter de faire plaisir aux gens. Tout cela, c'est l'avenir qui nous le dira...

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