TPE - Livourne et la guerre chantée
91 furent les bombardements que Livourne subit pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Le premier fut ce du 28 mai 1943, qui causa 3000 morts et la destruction du port et du centre historique du seizième siècle. Mais le pire fut l’après-guerre, quand Livourne était presque complètement détruit et les gens n’avaient plus rien à manger.
Et voilà donc une chanson populaire qui vous fera entrer dans le monde des livournais d’après-guerre, livournais qui en marchant par les rues détruites de Livourne,
pensent et se rappellent des restaurants dans lesquelles ils étaient habitués à manger les plats typiques de Livourne qui sont nommés au début de la chanson. Mais désormais il n’y a plus rien,
rien que des rues détruites et que de la faim. La chanson que je vais vous présenter c’est une chanson ironique, ironique comme la nature des livournais qui, pour ne pas mourir de faim et
dédramatiser, blaguaient sur leur situation.
FAGIOLI ‘OLLE ‘OTENNE
fagioli 'olle 'otenne,
galletti senza penne,
minestra in sulle palle.
Aringhe affumiàte,
porpette di patate.
Agnello in friassèa,
Tre crògnoli e una cèa,
patate ner tegame 'olla verdèa,
vorrèi mangià.
Città,
c'era una trattoria fori di mano,
che da Colline mi portò a Sarviano,
chiesi ir menù:
"Ehi lei", con voce grave,
disse: "Sono spiacente,
'e 'un ciò che fave."
Ho pérso ir filobùsse,
mi s'è rotto ir calesse,
la ciùa m'abbortisce.
Ed io senza speranza
me ne vo verso l'Ardenza.
T'imbocco in una via,
c'era una trattoria,
avèo una fame
mi portava via...
Vorèi mangià.
Città,
ma com'è brutto fare la strada a piedi,
specie se ciài una fame 'e nun ci vedi,
e dar Cinghiale andai, dar Torricelli,
vendeva la pulenda, ma cogli uccelli.
Città,
andai ar Bar Sole e presi una brioscia,
la riposai perché era troppo moscia,
ne presi un'artra ed era ma troppo dura,
dissi le mie ragioni,
e mi mandònno a letto addirittura!
HARICOTS AVEC LES COUENNES
Haricots avec les couennes,
Coquelets sans plumes,
Soupe avec les boulettes.
Harengs fumés,
Boulettes de patates.
Agneau avec la sauce d’œuf et citron,
Trois Athérines et une anguille blanche,
Patates dans la sauteuse avec la sauce verte,
Je voudrais manger.
Ville,
Il y avait un restaurent écarté,
Que de Colline* m’amena à Salviano*,
Je demandai le menu :
« Hé Monsieur – avec un voix grave,
Dit – je suis désolé,
Je n’ai que des fèves ».
J’ai manqué le tramway,
Mon cabriolet s’est cassé,
L’âne va avorter.
Et moi sans espoir
Je m’en vais vers Ardenza*.
Je prend une rue,
Il y avait un restaurant,
J’avais tellement faim…
Je voudrais manger.
Ville,
Comme faire la route à pied est mauvais,
Surtout si on a tellement faim,
Et j’allai chez le bar Cinghiale, chez le bar Torricelli,
Il vendait la polente mais avec les grumeaux.
Ville,
J’allai chez le bar Sole et je pris un croissant,
Je le remis à sa place parce qu’il était trop mou,
J’en pris un autre mais il était trop dur,
Je dis mes raisons,
Et tous m’envoyèrent me balader !
*Colline, Salviano et Ardenza sont des quartiers livournais