Cas de conscience de Julien par Simon
Page 578 - Chapitre 42 - L1-6
"En ramenant Julien en prison, on l’avait introduit dans une chambre destinée aux condamnés à mort. Lui qui, d’ordinaire, remarquait jusqu’aux plus petites circonstances, ne s’était point aperçu qu’on ne le faisait pas remonter à son donjon. Il songeait à ce qu’il dirait à madame de Rênal, si, avant le dernier moment, il avait le bonheur de la voir."
Une fatalité au sentiment d'évidence.
C'est donc la fin de ma vie, je n'aurai pas fini exilé sur l'île Sainte-Hélène, je n'aurai pas réussi à fonder une famille, et à mourir paisiblement. Encore une fois, mon cœur a dicté des actions que ma raison condamnait, mes sentiments ont pris le dessus. Je ne sais pas si je regrette. Je devrais, la société m'y oblige, et je pense que je le fais oui, mais .. mon cœur ne souffre pas lui, il semble comme me remercier de l'avoir écouté, qui sait.
Que lui dire ? Comment le lui dire ? Devrais-je simplement lui dire ? Je ne pense pas que des mots suffiraient à décrire ce que je ressens, je ne pense même pas que le plus grand orateur pourrait mettre des mots sur ce que mon cœur me dit. Je ne sais pas même si j'aurais la force d'ouvrir la bouche, actuellement, je désire simplement lui prendre la main, sentir sa douce peau contre la mienne. Tout s'embrouille dans mon esprit, mais je pense que tout ça m'a convaincu d'une chose. J'en sors troublé, bien évidemment, ma vie s'arrête ici, je fais face à une certaine fatalité, mais c'est après tout ça que je me rend compte d'une chose. Je l'aime, et c'est de tout mon cœur que je suis attiré par elle. C'est malheureux oui, c'est malheureux qu'il m'ait fallu en arriver là pour m'en rendre pleinement compte, pour en prendre pleinement conscience. Mais oui, dès à présent j'en suis persuadé, c'est Madame de Rênal que j'aime, que je chéris du plus profond de mon âme.