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Publié par i-voix

Entretien partagé - Racine : Phèdre

PRÉSENTATION

Phèdre est une tragédie classique de Jean Racine jouée pour la 1er fois le vendredi 1er janvier 1677 sur la scène de l’Hôtel de Bourgogne, le plus ancien et le plus prestigieux théâtre de Paris. La pièce est considérée comme un modèle de la tragédie classique et célébrée même par Voltaire comme “ un chef – d'œuvre de l’esprit humain ”. 

Thésée, roi d’Athènes et de Trézène, a disparu. Phèdre, son épouse, se meurt d’un mal mystérieux. Elle en avoue l’origine à sa nourrice Œnone : elle aime Hippolyte, fils de Thésée. Œnone la convainc que la mort de Thésée rend cet amour légitime. Mais, un coup de théâtre va tout remettre en question. 

Tout d’abord, j’ai choisi cette œuvre car c’est un chef-d'œuvre, Phèdre est le modèle même de la tragédie classique. Les règles de la dramaturgie y sont respectées : règle des 3 unités (lieu, temps, action), règle de bienséance, règle de vraisemblance, les thèmes y sont variés mêlant amour et politique, la tension dramatique s’y accentue d’acte en acte.

De plus, cette pièce est très intrigante et intéressante : c’est l’histoire d’un amour fou, né d’un coup de foudre irrésistible, d’un amour en définitive impossible. Les tabous s’en trouvent bousculés, l’amour se révèle une terrible puissance destructrice.  

Entretien partagé - Racine : Phèdre

QUESTIONS - RÉPONSES

 

Qu’a provoqué chez vous la lecture de cette œuvre ?

Dans cette pièce, le tragique. c’est d’abord d’aimer sans être aimé. Cela m’a fait beaucoup réfléchir, c’est particulièrement triste. Cela se rapproche de ce que Roland Barthes a dit sur l’amour non-réciproque : “Chez Racine, A aime B qui aime C” soit Phèdre aime Hippolyte qui aime Aricie. Cela engendre souffrances, jalousie et désir de vengeance. On ne contrôle pas ce que l’on ressent, il est impossible d’échapper à ses sentiments ou même de les combattre. On est destiné à souffrir et on ne peut rien y faire. 

À quel personnage trouvez-vous que l’on puisse le plus s’attacher ? Pourquoi ? 

Je pense que l’on peut s’attacher facilement à Hippolyte car il finit par mourir alors qu’il n’avait fait qu’aimer une femme sans que ceci soit dévoilé à tous les personnages de la pièce. Il a reçu toutes les conséquences des actions de Phèdre et de Thésée alors qu’au début il voulait juste partir à la rescousse de son père. 

À quel personnage trouvez-vous que l’on puisse le plus s’attacher ? Pourquoi ?

Je trouve que le personnage auquel on peut le plus s’attacher c’est la courageuse Aricie car dans l’histoire c'est la seule qui n'a rien demandé à part aimer un homme mais qui se retrouve tout de même coincée entre tous les personnages. De plus, elle perd l'homme qu'elle aime à cause d'un quiproquo (car Phèdre aime Hippolyte et que Thésée le bannit croyant que son fils aime sa femme) et elle finit par se faire adopter par Thésée, l’homme qui la condamné à célibat éternel. 

Lequel de vos écrits d’appropriation avez-vous préféré? Pourquoi? 

L’écrit d’appropriation que j’ai préféré est l’oraison funèbre de Phèdre car j’ai toujours apprécié écrire des poèmes, trouver des rimes... En revanche, je pense que c’est la création qui m’a pris le plus de temps. Elle est composée de 32 alexandrins répartis en 8 strophes. Le plus compliqué était de faire en sorte qu’il y ait exactement 12 syllabes. Cela n’était pas forcément très facile mais je suis plutôt satisfaite du résultat. J’ai également eu du mal à trouver des éléments pour chanter les louanges de Phèdre. 

Lequel de vos écrits d’appropriation avez-vous préféré? Pourquoi? 

Mon écrit d’appropriation préféré est mon oraison funèbre sur Phèdre car tout au long de la pièce elle est considérée comme un monstre et comme étant mauvaise. J’ai voulu, à travers cette oraison funèbre, montrer que Phèdre se sentait très mal d’aimer Hippolyte, qu’elle avait honte d’aimer, ce qui la mena au suicide, et qu’elle était simplement la victime d’une vengeance divine. J’ai aussi voulu montrer qu’elle avait beaucoup de qualités et pas seulement des défauts comme il est dit dans la pièce. 

Lequel des écrits d’appropriation de vos camarades avez-vous préféré? Pourquoi? 

Mon article « i-tombeaux » préféré sur Phèdre est celui d’Erell s’intitulant « Le testament de Thésée ». Je le trouve intéressant car il fait souvent référence à la pièce de théâtre Phèdre ce qui nous permet de bien comprendre ce que veut donner Thésée aux différentes personnes de la pièce. De plus, comme celui-ci est un des derniers survivants de la pièce j’ai trouvé intéressant les personnes qu’elle mentionnait dans le testament (peuple d’Athènes, Acamas...). Ce sont des légataires qu’on ne voit quasiment pas dans les autres testaments. En effet, elle ne pouvait pas mentionner par exemple Hippolyte ou Phèdre car ils sont déjà morts.

Entretien partagé - Racine : Phèdre

Quels plaisirs ou intérêts avez-vous trouvés dans vos activités d’appropriation? 

J’ai beaucoup aimé écrire l’oraison funèbre sur Oenone, cela m’a permis de découvrir comment on pouvait écrire une oraison funèbre. J’ai aussi décidé de la faire sur Oenone car je trouve que même si elle n’est que la nourrice de Phèdre, elle prend une place importante en tant que sa confidente, si Phèdre ne lui avait pas tout avoué peut-être tous cela ne se serait surement pas produit. 

Quels plaisirs ou intérêts avez-vous trouvés dans vos activités d’appropriation? 

L'écriture de ces articles m'a permis de m'approprier l’œuvre étudiée en allant rechercher les informations, les passages du livre, en m'attardant sur beaucoup de petits détails tels que des expressions, des citations, des faits et gestes... Ces créations personnelles ont nécessité plusieurs relectures pour pouvoir se remettre dans le contexte et citer certains vers. J’ai pu découvrir des aspects de l’œuvre qui ne m’avaient pas forcément marqués ou intéressés à ma première lecture. Cela a donc permis une meilleure compréhension de l’œuvre. Se concentrer sur un personnage précis, m’a aussi permis de prêter plus attention à certains détails du récit et surtout à me détacher du point de vue du personnage principal sur lequel j’étais focalisée. Les écrits d’appropriation sont le moyen d’observer des œuvres avec un point de vue différent et de se mettre dans la peau d’un autre personnage. Le fait de mener un travail de réflexion sur cette pièce de théâtre nous pousse également à réfléchir sur ce que l’auteur a voulu transmettre, défendre ou dénoncer.

Quels liens faites-vous entre cette œuvre et le classicisme? 

Le classicisme se caractérise par l’inspiration des œuvres anciennes (Phèdre est une pièce inspirée de la mythologie antique), par la quête de la vérité et par la clarté, la mesure et l’ordre. En effet, cette tragédie respecte la règle des 3 unités : l’unité d’action (une seule intrigue = l’amour de Phèdre pour Hippolyte) + l’unité de lieu (palais à Trézène, en Grèce) + l’unité de temps (une journée maximum = ici, durée de 12h effet de resserrement du temps, précipitation des évènements), la règle de bienséance (ne rien montrer sur scène qui puisse choquer = interdit de mourir sur scène la mort sera racontée par un personnage ou le personnage agonise mais meurt après le tombé du rideau + impossible de montrer la sexualité et d’en parler crûment + un personnage de noblesse ne peut pas mentir), la règle de vraisemblance (impossible de montrer des évènements surnaturels ces évènements sont juste évoqués). 

Connaissez-vous une adaptation / mise en scène de cette œuvre ? Quel regard portez-vous sur elle? 

La mise en scène de la pièce de théâtre Phèdre est très intéressante. En effet, on peut voir les différents gestes et expressions qu’on n’aurait sans doute pas perçu dans l’oeuvre écrite. Celle qui a été mise en scène par Patrice Chéreau en 2003 et dont l’actrice principale, Dominique Blanc joue le rôle Phèdre, est particulièrement bien jouée. Notamment lors de la scène I à l’acte 3 lorsque Phèdre avoue à Oenone qu’elle est amoureuse d’Hippolyte. On se rend compte à travers la pièce jouée que Phèdre et sa nourrice sont très proches car elles se prennent fort dans les bras, il y a une réelle proximité entre les deux femmes. De plus, lorsque Phèdre prononce le mot ‘J’aime...” qui avoue son amour pour son beau-fils, l’actrice met ses mains devant sa bouche comme si elle ne se contrôlait plus et que les mots étaient sortis tout seuls ce qu’on ne peut pas percevoir dans la pièce de Racine.  

Avez-vous gardé en mémoire 1 vers? Pourquoi lavez-vous retenu? 

J’ai retenu ces deux vers : “Que malgré les complots d’une injuste famille, Son amante aujourd’hui me tienne lieu de fille”. Je les ai retenus car déjà ce sont les tout derniers vers de la pièce. De plus, je trouve que ces vers permettent de terminer la pièce sur une note plutôt positive car Thésée qui n’aimait pas Aricie décide qu’elle devienne sa fille. En effet, Hippolyte et Aricie étaient amoureux tous les deux mais il s'agissait d’un amour impossible car Thésée avait chassé toute la famille d’Aricie. 

Pourriez-vous imaginer un autre titre pour cette œuvre ?

Amours impossibles c’est un autre titre que j’aurais pu imaginer pour cette œuvre. J’aurais choisi ce titre car dans cette pièce l’amour est un des thèmes qui est très présent. “Impossibles” car dans l’histoire l’amour est une impasse et un piège parce qu’il n’est pas réciproque. En effet, Phèdre aime Hyppolite qui aime Aricie. De plus, dans cette pièce l’amour est interdit, c’est une faute d’aimer, cet amour paraît criminel. En effet, Phèdre aime Hyppolite d’un amour incestueux tandis que lui aime Aricie alors que nul n’a le droit de la fréquenter car Thésée la bannit à un célibat à vie.  

Pensez-vous que l’œuvre aurait pu être écrite à notre époque ?

Amour, pouvoir, mensonges, désespoir, coups de théâtres, trahisons, révélations, suspense… Phèdre met en scène tout ce qui fait le succès de nos séries modernes ! Certes, Racine situe l’action de sa pièce dans la Grèce antique, à Trézène, mais son intrigue pourrait tout aussi bien se dérouler dans le Paris ou le New York du 21e siècle. Si l’intrigue et les personnages de Phèdre défient le temps, il n’en est malheureusement pas de même pour la langue. Racine fait parler ses personnages avec la grammaire et le vocabulaire propres à son siècle. C'’est pour cela que je ne pense pas que cette œuvre puisse être écrite à notre époque. 

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