Poème de Lorenzo - La haine cachée

Présentation de Félix Arvers
Alexis-Félix Arvers est un poète et dramaturge français né à Paris le 23 juillet 1806 et décédé dans la même ville le 7 novembre 1850, devant toute sa réputation à son Sonnet, l'une des pièces poétiques les plus populaires de son siècle. Il était le fils d'un marchand de vins de la ville de Cézy, où résidait sa famille. Etudiant en droit avant de devenir clerc de notaire, il poursuivait pourtant déjà ardemment le désir de se faire écrivain. Cédant un jour radicalement à ce qu'il croyait être sa vocation, il parvint à faire jouer une douzaine de comédies légères, le genre de comédies dont raffolait le public petit-bourgeois de Paris (cf. Octave Feuillet). Ces larges succès lui permirent de mener une existence "de dandy", familier des boulevards et des coulisses des petits théâtres, et il se mit à fréquenter le Cénacle de l'Arsenal fréquentant notamment Alfred Tattet et Alfred de Musset, dont il semble avoir été très proche. A quarante-quatre ans, il décéda d'une maladie de la moelle épinière, pauvre et oublié. L'oubli dans lequel ont plongé ses pièces, pourtant fameuses en leur temps, n'est pas sans rappeler le destin des tragédies de Voltaire.
L'Amour Caché
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés et pourtant solitaire ;
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
A l'austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :
" Quelle est donc cette femme ? " Et ne comprendra pas !
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Présentation de Lorenzo de Médicis
Lorenzino de Médicis, dit Lorenzaccio est né le 23 mars 1514 à Florence et est mort le 26 février 1548 à Venise. C'était un homme politique, écrivain et dramaturge appartenant à la famille florentine des Médicis, qui fut mêlé aux intrigues et complots qui secouèrent cette grande famille à l'époque de la Renaissance. En 1530, il se rendit à Rome, où il a acquis la mauvaise réputation de coupe-tête des statues anciennes qui lui a valu d'être banni de la ville et le surnom de Lorenzaccio. De retour à Florence la même année, il est devenu le compagnon inséparable du duc Alexandre de Médicis, son cousin. Ils auraient régulièrement partagé le même lit. Le soir du 5 janvier 1537, Lorenzino trouva le duc endormi, comme il l'avait prévu, pour le tuer. Le duc, cependant, fut réveillé par la première agression et ne fut tué qu'après une lutte violente. Le 26 février 1548 Lorenzino fut percét de coups de couteaux par deux hommes, et mourut.
Une haine cachée
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
La haine, insupportable pour l'éternité.
Le mal est seule voix, aussi j'ai dû le faire.
Et moi qui dus agir, je n'eus aucun regret.
Hélas ! j'aurais dû passer plus inaperçu
Ainsi à ses côtés, un regard partagé,
Et jusqu'au bout, par ma main il fut décédé.
Je ne demandai pas mon reste et disparus.
Pour moi, quoique Dieu m'eût fait poète, et malsain,
Je suis mon chemin, apaisé, presque saint.
Cette douce chaleur envahit tout mon corps.
A Venise je dois surmonter la douleur,
Mais je vais m'en aller vers cette dernière heure,
Cette tendre fraîcheur m'entraînant vers la mort.