Lettre - La place
Papa,
Tu ne peux pas savoir combien ce mot si émotionnel me fait souffrir. La vie n'a pas toujours été facile pour toi et maman, je le voyais dans vos yeux depuis ma tendre enfance. Tu m'as appris que la plus belle des choses était d'être heureux avec ce que l'on a et ne point désirer l'indésirable. Je t'ai toujours admiré, toi qui es un fils de paysan Normand. Pour m'honorer tu te vêtais de tes plus beaux habits et tu te faisais passer pour quelqu'un qui avait du savoir-vivre malgré ton infériorité au monde bourgeois qui nous entourait. J'ai toujours su que tu étais fier de moi, peut-être que ta plus grande fierté était que j'appartienne au monde qui t'avait dédaigné... Lorsque nous avons appris ta maladie avec maman, je suis restée auprès de toi, je ne pouvais imaginer que c'était fini comme me l'a annoncé ton épouse, veuve à présent. Maman a fermé le commerce car sans toi, rien n'est pareil. Je ne sais pas pourquoi je t'écris cette lettre, peut-être parce qu'on n'avait plus rien à se dire de ton vivant... Sache que je ne t'oublierai jamais. Attends-moi au paradis, là où nous pourrons rattraper le temps perdu.