Incipit Autobiographie - L'injuste pardon
Un pot de yaourt « mamie nova ». Une odeur immonde. Une couleur bleu pâle. Une pièce immense. Des tuyaux partout et un sur ton bras . Tu es là.
Tu te lèves du lit immense et tu marches tout droit . Pour attraper la poignée de la porte tu te mets sur la pointe des pieds mais ça te fait mal, mal a la jambe et mal au cœur. A travers ce passage tu t’imagines être libre, trouver de l’amour et de la tendresse, alors tu pousses la porte et là tout s’écroule.
Des pleurs. Des cris. Des personnes sans visages te regardent, te fixent en pleurant . Et là tu comprends et pourtant tu n’as que 4 ans. Il est parti la haut. Il vole, il te quitte, il s’enfuit. Tu cours le plus vite possible pour rattraper cet âme folle mais c’est trop tard la lumière a déjà englouti son esprit saint. Tu te noies dans l’océan de larmes qui te submerge.
Le temps te parait une éternité. TIC TAC TIC TAC résonne en toi comme les derniers battements de son cœur que tu n’as pu écouter. Il l’a désigné sans lui demander son avis, elle est là toute l’injustice !
Tu retournes alors dans ton lit sans un mot et tu fermes les yeux. Tu tombes dans un trou, où l’obscurité illumine tes pensées. Tu serres ton nounours encore plus fort pour combler le vide dans ton cœur. En même temps que cette bête te mange la peau, la tristesse mange ton bonheur. Il est mort . Tu es vivante.
Je prends par-ci par-là des fragments de souvenirs qui me restent, cet événement se résume aujourd’hui à un puzzle que j’essaye de reconstruire. Chaque jour, je ne cesse de penser que c’est de ma faute, j’ai été soigné et il est mort. J’ai honte. Honte de pas me souvenir de son visage, de sa voix , de son rire.
Mon grand-père, un homme formidable. Je tisse ma propre histoire à travers son regard. C’est là que tout a commencé …