Courrier - Lettre personnelle
Cher Monsieur Rabelais,
Faut le dire, on s’est bien bonnement fendu la poire sur votre chapitre 13 : l’invention du torche cul par Gargantua. Ben oui que c’est ! Il fallait absolument lire tous ces mots saugrenus et d’une rareté certaine à mon petit frère de 8 ans, qui raffole de ce genre de beau langage ! Et ce qu’on a ri ! À en perler nos jolies joues roses de grosses larmes joyeuses.
« Je fientais, couilles, cul, couillon, chiant, chier, torcheculatif », et j’en passe des vertes et des pas mûres…
Tout en lisant à haute voix,ce petit Pablo ouvrait grand les yeux de malice, et en son fort intérieur j’en suis sûr – Non mais, elle lit ça ? Pour l’école ??!
On se plierait en quatre, à ma grande surprise (et tant mieux que je m’en rende compte), beaucoup plus aisément et de bon cœur sur vos bouquins que sur ceux d’aujourd’hui, avec tous ces beaux sentiments ou meurtres en tout genre… Vous êtes plutôt fort pour raconter des âneries, n’est-ce pas ? Le message final qui passe à travers Gargantua n’en est pas moins des plus sérieux : la soif d’apprendre est une chose essentielle, je vous le confirme !
Je vous écrivais, tout d’abord parce que je ne me tords de rire que rarement au long d’une lecture, et que c’est drôlement important de tartiner l’émotion sur du papier. Et surtout, grand humaniste gargantuiste de ce lointain XVIème siècle, pour vous remercier de ce petit moment de bonheur et de vive excitation dans la maison, quand on se mit à lire quel était pour Gargantua la plus agréable façon de se nettoyer le derrière.
Bien à vous,
Margaux
L'alliance du rire et de l'Humanisme, l'époque d'aujourd'hui avec celle du passé.