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Publié par Simon

Juste la fin de la pièce II, 4 par Simon

Scène 4

 

 

LOUIS. - Je suis là.
Ici, seul,
seul face à l’évidence, seul face aux doutes qui,
aujourd’hui,
m’enferment,
m’emprisonnent dans le silence.
Si près, oui si près,
aujourd’hui,
je suis si proche de mon objectif,
de mon ultime objectif,
de cette fin attendue,
contrôlée,
oui, enfin une fin contrôlée,
un contrôle tant recherché.
Aujourd’hui
dans une vie que j’ai menée dans les doutes, les soucis, oui les soucis, soucis qui me tarissent
non, qui me tarissaient,
hier,
auparavant, avant ça, qui tarissaient l’ancien moi.
Aujourd’hui, moi, lui, disparu,
- disparu avec l’espoir, l’espoir qui me faisait vivre et qui aujourd’hui me fait défaut -
Maintenant, je me sens fort,
je suis fort,
oui, j’en ai l’impression,
non, j’en suis sûr, c’est peut être,
c’est sûrement ma seule certitude.

 

Après quelques secondes, ou quelques minutes, ou heures, le temps n’a plus d’importance, Suzanne, Antoine, Catherine et la Mère entrent dans la pièce, sortant Louis de sa bulle, le ramenant à la dure réalité.

ANTOINE. - Tu est encore là, étonnant. Ton Paris ne te manque pas ?

CATHERINE. - Arrête Antoine, laisse-le.

LOUIS. - Je voudrais vous parler.

Vous annoncer ma...

ANTOINE. - Ta fuite ? Ton départ ? Tu annonces ce genre de choses maintenant ?

 

LA MÈRE. - Antoine. Laisse Louis parler, bon sang.

 

SUZANNE. - Des enfants.
Oui, c’est cela que vous êtes.

 

LOUIS. - C’est la fin.
La fin de quoi ? Je ne le sais pas,

enfin je le sais,
mais cette chose n'a déjà plus de sens,
plus de but pour moi.
Voilà, je vous le dis, après les doutes,
de la peur, de la peur,
je vous le dis, je vous annonce
- pour ne plus avoir aucun regret -
je vous annonce la fin, la fin de tout,
la fin de mon monde, mon monde insignifiant,
la fin de ce monde qui est le mien, ce monde qui est moi,
je vous annonce ma mort prochaine, ma mort oui, ma mort.

 

CATHERINE. - Antoine, reviens !
Ne pars pas, pas encore.

SUZANNE. - Ta mort, non, c'est faux.
C'est une blague, Louis, oui, c'est une blague,
dis-moi que c'est une blague, c'est une blague ?
Tu ne peux pas revenir pour nous dire ça, Louis,
tu ne peux pas.

LA MÈRE. - Je savais bien que ta visite n'étais pas anodine.

LOUIS. - Je ...

ANTOINE. - Tu reviens, après toutes ces années,
simplement pour nous annoncer que jamais plus tu ne reviendras ?
Donc ce n'est pas pour ne serait-ce que pour nous revoir que tu es ici ?
simplement pour nous annoncer ta mort,
comme si nous n'étions pour toi,
comme si nous n'étions que des inconnus,
comment est-ce que tu as dit ?
« Ce monde qui est moi » ?
Qui est toi ? Toi ? Ton monde ?
Nous comptons donc si peu pour toi ? nous n’existons donc plus pour toi ?
Enfin, je dis cela, nous n'avons jamais existé pour toi,
des lettres, comme seul acte de présence.
Si tu es parti, si tu nous as abandonné, c'est que pour toi nous n'étions déjà plus une famille.
Alors meurs, seul et malheureux, comme tu dis toujours l'avoir été,
tu es parti en silence une première fois, rien ne t’obligeait à ne pas le faire une seconde.

SUZANNE. - Je pensais que tu étais là pour nous
je pensais que tu étais là pour moi, pour eux.
Pas pour nous dire que jamais tu ne reviendrais.
Mais malgré ça je n'y arrive pas,
je ne parviens pas à t'en vouloir,
à éprouver une once de haine.
Tu est mon frère, et je te vois comme tel.

Excusez-moi.

 

CATHERINE. - Antoine, tu pourrais être moins...

ANTOINE. - C'est vrai, ce pauvre Louis, il faut le plaindre, le chouchouter,
il ne faudrait pas le rendre triste, malheureux, il l'est déjà tant.
Je suis fatigué, épuisé,
épuisé par ce poids, cette pression et ces souvenirs,
on me voit comme le monstre, l'ennemi, mais je ne suis responsable de rien,
je n'ai rien fait, je n'ai rien dit, je suis un homme bon,
alors pourquoi tout ça ? Pourquoi moi ? 
Tu étais dans ma famille, bien plus que celle du sang, 
et aujourd'hui, tu annonces ça comme si c'était sans importance.
Qui sommes-nous pour toi ? 

LOUIS. - Antoine, écoute-moi, écoute ce que j'ai à dire. 
Suzanne, mère, Catherine, vous également. 
Si je suis venu vous annoncer cela, 
c'est que, pour moi, je le pense,
il me faut vous prévenir
par respect premièrement, et par convictions. 
Oui, je voulais vous le dire, pour ne plus avoir de regrets,
pour être, une fois au moins, avec vous, 
sincère et véritable. 

 

LA MÈRE. - Et je suis heureuse de l'apprendre.
Voilà que je me mets à pleurer à chaudes larmes, 
même après tout ça, même après tant d'années, tu restes mon fils,
tu restes le frère de Suzanne, et j'en suis sûre, celui d'Antoine, 
et sûrement bien plus qu'il ne le laisse paraître, oui j'en suis sûre.
Je ne connais pas la raison de ton départ prématuré,

et je ne veux pas la connaître, pas le moins de monde. 
Mais je suis étrangement heureuse, non, pas heureuse,

soulagée, soulagée de te savoir ici, et soulagée de te savoir en paix avec toi-même. 

SUZANNE. - Je ne pourrai l'accepter, j'en suis persuadée,
mais je n'en ai pas le choix, 
mon seul regret aura été de ne pas réellement te connaître, mais laisse-nous 
rester avec toi, au moins cette fois. 

CATHERINE. - Je vous laisse, je n'ai rien à faire ici. 

 

LOUIS. - Vous pouvez rester, je ne veux vous mettre à l'écart. 

ANTOINE. - Elle a raison, je m'en vais aussi, je ne peux rester ici plus longtemps. 
Je ne pense pas le pouvoir, je ne le supporterais pas. 

SUZANNE. - Revenez ! 


LA MÈRE. - Laisse-moi au moins te prendre dans mes bras,
une derrière fois, une ultime fois. 
La dernière fois dois remonter à 34 années en arrière.


 

Juste la fin de la pièce II, 4 par Simon

Dans cette ultime scène, je ne me voyais pas faire en sorte qu'ils s'enlacent tous. En effet, tout au long de la pièce, je ne les en ai jamais réellement sentis capables.

J'ai principalement tourné ma pièce autour de la réaction d'Antoine, car c'est de loin celui que j'ai trouvé le plus intéressant dans sa relation avec Louis, je le vois comme possédant une immense sensation d'abandon et d'injustice, et tout ça, à mon avis, semble cacher une réelle affection pour Louis, affection qu'il n'accepte pas et qu'il rejette, alors je ne le voyais pas fondre en larmes, pas sur le coup du moins.

Catherine étant plus en retrait, je ne la voyais pas réellement réagir à ça, se mettant plus en retrait, pareil pour Suzanne et la Mère, même si je pense qu'elle sont tout autant choquées qu'Antoine, juste que, dans ma vision et ma compréhension des personnages, elles n'exprimaient pas leur émotions de la même manière.
 


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