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Publié par Lou-anne et Eléa

J’en avais assez que les Européens considèrent leurs société meilleure que les autres par rejet de ce qui est différent. Je voulais aussi montrer que les vrais barbares sont les Européens de par leurs goûts pour la violence et la torture.

Conversation imaginaire

entre Montaigne et Gaudé

 

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Nous sommes en 2025, après de grandes avancées, la science trouve un moyen de converser avec des personnes vivant dans le passé grâce à une sorte de portail temporel.

Laurent Gaudé, un écrivain du XXIième siècle, l’apprend aux informations et décide de tester cette expérience. Il choisit alors de contacter, à travers ce portail temporel, Michel de Montaigne., l’auteur qui lui avait donné l’envie d’écrire un livre sur l’immigration grâce à l’Essai Des Cannibales et des Coches. Il publia alors le roman l’Eldorado.

C’est ainsi qu’il put réaliser son rêve. Ils se retrouvèrent dans la bibliothèque de Montaigne. Après quelques présentations indispensables et discussions rapides sur quelques œuvres connues Gaudé commença :

 

- "Vous savez, j’ai lu beaucoup de vos livres ainsi que vos essais, en particulier Des Cannibales et des Coches qui m’a d’ailleurs inspiré pour mon livre L’Eldorado.

- Oui bien sûr ! J’ai beaucoup apprécié votre roman.

- Vous l’avez lu ? Faites moi un résumé, je vous en prie.

- Bien, répondit Montaigne. Votre livre est un très bel ouvrage qui aborde principalement le thème des migrants, mais également l'histoire touchante du Capitaine Piracci. Ce personnage n’aime pas beaucoup son travail, il n’y trouve plus de sens. En parallèle, nous suivons deux hommes qui cherchent à fuir leurs pays pour un avenir meilleur en Europe. L’un des deux hommes se nomme Soleiman, il est le personnage principal, il réussira après de nombreuses péripéties à arriver en Espagne tandis que le Capitaine rongé par la tristesse et la culpabilité décide de mettre fin à ses jours, mais n’y parviendra pas et il mourra plus tard percuté par un camion.

- Merci, je vois que vous avez lu mon roman, dit tout enjoué Laurent Gaudé.

- Tout comme vous avez lu mes ouvrages, M. Gaudé.

- À ce propos je me demandais…

- Qu’est-ce ? demanda Montaigne.

- Pourquoi donc avez vous écrit cet essai ? demanda le jeune auteur en montrant à Montaigne le livre Des Cannibales et des Coches,

Montaigne répondit alors :

- J’ai écrit cet ouvrage car j’avais envie de dénoncer les préjugés ethnocentristes des Européens en parlant des Cannibales, pour repenser à la notion de barbarie. J’en avais assez que les Européens considèrent leurs société meilleure que les autres par rejet de ce qui est différent. Je voulais aussi montrer que les vrais barbares sont les Européens de par leurs goûts pour la violence et la torture. Puis dans Des Coches je cherchais à critiquer les dépenses publiques des souverains pour les jeux et les fêtes. J’ai également cherché à leur faire comprendre de condamner la colonisation et les massacres.

- Oui, je vois, vous avez raison, et bien heureusement votre combat a finalement porté ses fruits.

- Certes mon essai a passé bien des années, et le monde a évolué.

Après un petit silence il ajouta :

- Je trouve également votre ouvrage l’Eldorado très puissant ! Cependant j’aurai aimé savoir ce que le mot Eldorado signifie ?

- Comme vous le savez, l’Eldorado est un pays merveilleux d’abondance, de délices et ou la vie est très facile.

Montaigne acquiesça par un simple signe de tête, Gaudé continua :

- Dans mon roman, ce terme est utilisé de la même manière, pour les migrants, l’Europe est une sorte d’Eldorado, où il y a plus d’abondance que dans leurs propre pays.

- Très intéressant, dit Montaigne. Vous qualifiez habilement votre situation actuelle en Europe par ce simple nom. D’ailleurs quel regard un écrivain du XXI ième siècle peut porter sur la conquête Européenne du XVIième siècle ?

- Un regard qui a beaucoup évolué de votre époque. La vision des choses a changé globalement. Je ne pense pas que de tels événements seraient possibles à notre époque. Car même si l’on commerce toujours avec d’autres pays, la prise de possession d’un territoire ou d’une civilisation est devenue inacceptable. L’importance de l’Église dans les choix politiques est devenue inexistante en France avec la laïcité. On ne forcerait personne à être évangélisé contre sa foi et sa volonté, en France cela est interdit. De plus la traite négrière est interdite, c’est du racisme à l’état pur.

- Excusez moi, mais qu’est ce que le racisme ? interrogea Montaigne.

- Le racisme est la discrimination d’un peuple envers un autre en raison de la couleur de peau ou de leur religion. Être raciste au XXIième siècle est inconcevable. Maintenant le monde a évolué, la société est devenue plus bienveillante malgré de nombreux progrès que nous avons encore à faire. Maintenant nous prenons du recul sur notre société. Ainsi, je ne suis pas d’accord avec les agissements du XVIéme siècle.

Montaigne fit un brève silence, Laurent Gaudé avait répondu à toutes ses questions. Il demanda alors :

- Si vous deviez choisir une citation de votre ouvrage, laquelle serait elle et pour quelle raison ?

Gaudé réfléchit puis répondit:

- « Il serait beau de cette lumière que donne l’espoir au regard.» Je pense que c’est une raison qui m’a poussée a écrire ce roman. Ils sont tellement admirables, ceux qui traversent leurs pays et dans le seul but d’avoir une vie meilleure. Ils sont prêts à braver tous les dangers, parfois je pourrais presque éprouver de la jalousie, mais c’est juste sur le fait qu’ils ont de l’espoir dans leurs yeux, une sorte d’énergie que les Français ne possèdent pas. Et vous si vous aviez écrit un essai sur les migrations, qu’auriez-vous dit ?

- Après avoir feuilleté avec rapidité votre récit si touchant, avant que nous entamions cette discussion, et discuté avec vous un peu de votre actualité, je pense que j’aurais écrit un essai similaire mais en gardant des exemples de mon époque, comme la colonisation, répondit Montaigne. Une question me vient à l’esprit : en quoi la découverte d’une œuvre nous permet-elle de mieux nous connaître sur notre culture, notre identité et nos valeurs ?

Laurent Gaudé prit un instant pour réfléchir à cette question, but une gorgée de thé puis il répondit:

- Je pense que nous sommes tous différents, il est difficile de découvrir notre identité tout seul et si nous sommes tous pareils. Il faut aller chercher ailleurs, là où l’on peut trouver des personnes différentes de nous, découvrir une richesse d’esprit. On peut voir alors en quel point nous sommes similaires et différents et ainsi s’interroger sur nos ressemblances. Je pense que c’est de cette manière que l’on peut découvrir notre identité.

Montaigne acquiesça.

- Vous avez raison. Dans votre livre vous le montrez, on voit que quand Piracci va en Afrique du nord il est bien différent des gens de par son origine mais aussi ses motivations, il n’a pas la lueur dans les yeux que possèdent ceux qui partent pour l’Europe.

- Certainement !

 

On frappa alors soudainement à la porte, un technicien entra alors dans la bibliothèque, cela faisait plus d’une heure que les deux écrivains conversaient. L’ouverture d’un portail temporel ne pouvait s’ouvrir plus longtemps pour cause de manque d’énergie. Les deux hommes se saluèrent alors, en se promettant de refaire des discussions de ce genre. La connexion se coupa, Gaudé retourna donc en 2025 et continua ses occupations.

 

 

 

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