Essai de conversation par Mathis
Un roman du 16ème siècle ? J'imaginerais deux protagonistes dont je raconterais l'histoire un chapitre sur deux. Un Amérindien qui bizarrement voudrait absolument découvrir les mœurs des Européens et voudrait partir en Europe, et un Européen qui rêverait d'aller en Amérique d'après les histoires qu'il a entendues.
Un essai du 21ème siècle ? Je pense que j'aurais dit que la situation de ceux qui quittent leurs pays est très difficile, ils doivent se battre, traverser beaucoup d'épreuves pour avoir une vie meilleure alors que d'autres à côté n'ont jamais eu de soucis de leur vie, sont nés dans des pays libres et ne se doutent pas de ce que traversent les migrants.
Laurent Gaudé, écrivain contemporain, et Michel de Montaigne, écrivain du XVIe siècle, ont eu l'honneur de pouvoir parler ensemble quelques minutes pour pouvoir échanger sur les idées qu'ils ont eu pour leurs livres et d'autres sujets.
Gaudé : Bonjour Montaigne, c'est un honneur pour moi de pouvoir vous parler et pouvoir débattre sur nos œuvres aujourd'hui.
Montaigne : Bonjour Gaudé, c'est un honneur pour moi aussi de pouvoir parler avec quelqu'un de raison qui n'est pas du tout de la même époque que moi.
Gaudé : Pour commencer, pouvez vous me dire ce que sont les Essais.
Montaigne : Avec plaisir ! Un Essai est un genre de livre dans lequel j'exerce librement ma pensée sur le thème de mon choix, les deux premiers que j'ai écrit sont sortis en 1580. En parlant des Essais, comment avez vous trouvé "Des cannibales" et "Des coches" ? Et qu'est ce que l'Eldorado ?
Gaudé : Je trouve "Des cannibales" assez intéressant car cela parle de la découverte des Amérindiens et j'aime beaucoup le message que vous avez essayé de passer à travers cet Essai, le fait que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas dans ses coutumes. En ce qui concerne "Des coches", j'aime bien l'effet que vous avez fait c'est à dire de déconstruire les accusations de barbarie à l'encontre des "sauvages" dont vous parlez dans cet Essai.
L'eldorado est une contrée mythique supposée regorger d'or. J'ai appelé mon livre ainsi car chacun des 2 protagonistes cherche le bonheur un endroit ou ils pourraient tout recommencer à zéro et l'eldorado est un endroit si magique que ça reflète l'endroit qu'ils veulent trouver. D'ailleurs qu'avez vous pensé de mon livre ?
Montaigne : J'ai trouvé la manière dont le livre est écrit très originale, le fait de changer de protagoniste chaque chapitre et surtout avoir le point de vue de deux personnages différents qui ont tous les deux le même objectif qui est d'arriver quelque part où ils pourraient tout redémarrer a zéro. C'est un livre que j'ai beaucoup apprécié, car c'est beaucoup d'aventures et on a envie de savoir la suite et de savoir comment ces deux personnages font finir. Par contre j'ai remarqué que nos livres n'ont pas la même écriture, avez vous eu du mal à lire et à comprendre mes Essais ?
Gaudé : J'ai aussi remarqué que ce n'était pas du tout la même manière d'écrire, je dois dire que l'ancien français est un petit peu plus dur à comprendre que le français moderne. Cependant cela ne m'a pas empêché d'aimer vos essais et les sujets qui y sont abordés. Si vous aviez écrit un roman sur les Amérindiens au 16ème siècle, qu’auriez-vous imaginé ?
Montaigne : Je ne sais pas vraiment comment j'aurai procédé mais si je devais en faire un aujourd'hui je m'inspirerais sûrement de votre roman, j'imaginerais deux protagonistes dont je raconterais l'histoire un chapitre sur deux. Un Amérindien qui bizarrement voudrai absolument découvrir les mœurs des Européens et voudrait partir en Europe, et un Européen qui rêverait d'aller en Amérique d'après les histoires qu'il a entendues.
Question sur la fin de votre livre, pourquoi avez-vous choisi de finir votre livre sur la mort du commandant Piracci ? Et pensez-vous qu’un livre puisse améliorer le monde et transformer la réalité ?
Gaudé : J'ai décidé de finir comme ça car le commandant Piracci a eu une longue vie en tant que marin et son envie qui était de tout recommencer à zéro aurait été impossible avec tout ce qu'il a fait toute l'aventure qu'il a eu il ne pouvait pas mieux finir, c'est pour ça que quand il est allongé sur la route il se sent libre et c'est là le début d'une autre vie, il a recommencé à zéro à partir de ce moment là sur la route. Et je pense qu'un livre peut changer le monde suivant qui écrit, suivant la manière dont il est fait et suivant le thème abordé. Pour moi il suffit qu'un grand écrivain écrive un livre dans lequel il souhaite s'exprimer et donner son avis sur un thème qui pourrai faire réagir les gens. Évidement je ne pense pas qu'un livre puisse améliorer tant que ça le monde mais au moins une partie de la population pourrai changer leurs mœurs ou d'autres choses. D'ailleurs en parlant de mœurs j'ai trouvé intéressant le passage où vous dites "Ce qui me désole, ce n'est certes pas que nous remarquions l'effroyable barbarie qu'il y a dans une telle action ; c'est bien plutôt que, jugeant bien de leurs fautes nous soyons si aveuglés sur les nôtres." car chacun appelle barbarie ce qui n'est pas dans ses coutumes et c'est important de mettre en évidence ce sujet là, c'est pour ça que cette phrase m'a marqué. Sinon quel personnage avez-vous trouvé le plus touchant ? Pourquoi ?
Montaigne : Oui, j'ai essayé de sous-entendre que les vrais barbares étaient les européens et c'est un message important à cette époque dont il faut parler. Et pour ce qui est des personnages, je les ai trouvé très touchants mais Soleiman m'a le plus touché, c'est un migrant qui a traversé beaucoup d'épreuves et qui a réussi à passer la frontière in extremis et a quand même perdu son frère qui n'a pas pu continuer à cause de sa maladie. Donc globalement Soleiman m'a le plus touché même si Piracci a passé beaucoup d'épreuves aussi et est mort à la fin. Si vous aviez écrit un Essai, sur la question des migrants aujourd’hui, qu’auriez-vous dit ?
Gaudé : Je pense que j'aurais dit que la situation de ceux qui quittent leurs pays est très difficile, ils doivent se battre, traverser beaucoup d'épreuves pour avoir une vie meilleure alors que d'autres à côté n'ont jamais eu de soucis de leur vie, sont nés dans des pays libres et ne se doutent pas de ce que traversent les migrants. Je pense que je ferais quelque chose comme cela si je devais écrire un essai sur les migrants.
Pourquoi ces titres ? Et excusez moi mais je trouve ça vraiment incroyable la pièce dans laquelle vous travaillez, vous avez dû passer beaucoup de temps à trouver de l'inspiration ici, je trouve ça vraiment admirable.
Montaigne : Je vous remercie, en effet j'ai passé beaucoup de temps dans cette pièce ne serait-ce que pour lire mes livres. Et j'ai choisi "Des cannibales" car c'est comme ça que les Européens considèrent les Amérindiens juste parce qu'ils n'ont pas les mêmes mœurs. Et "Des coches" car c'est le sujet du début de mon essai, je donne mon avis sur les coches ce qui introduit "Des coches".
J'aurais aimé pouvoir vous poser beaucoup d'autres questions, malheureusement je crois que nous devons nous quitter.
Gaudé : Moi aussi j'aurais aimé vous poser des questions de l'époque et d'autres projets de votre vie, je pourrais passer des heures à parler de ces sujets avec vous. En tout cas je dois vous dire que j'admire votre bibliothèque, c'est un bel endroit dans lequel vous avez dû passer de bon moment à écrire vos livres. Merci de m'avoir accordé ce temps avec vous. Mes sincères salutations.
Montaigne : J'ai trouvé intéressant d'avoir pu parler avec vous, d'avoir pu échanger sur nos œuvres, savoir le ressenti ou les sentiments que vous avez pu avoir. Mes sincères salutations, merci d'avoir pu échanger avec moi ainsi, je vous souhaite une excellente continuation.
Ainsi Gaudé et Montaigne n'ont pu échanger que quelques temps malheureusement, mais ne serait-ce que cette petite conversation a été très intéressante pour les deux personnages.
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Présentation - Essais d'appropriation - i-voix
" On ne cesse de criailler à nos oreilles d'enfants, comme si l'on versait dans un entonnoir, et notre rôle, ce n'est que de redire ce qu'on nous a dit. Je voudrais que le précepteur corrigeât ...
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