Ethnologie - Le Mythe de Quetzalcoatl
Les mythes cimentent l'identité culturelle des peuples qui les perpétuent. (...) Les mythes et légendes matérialisent un lien intime entre les hommes et les mondes naturels et spirituels, lien qui peine à perdurer dans nos sociétés modernes. Situés aux confins de la réalité et de l'imaginaire le plus fantaisiste, ils célèbrent l'étrange et l'incertain.
QUETZACOATL, LE SERPENT A PLUMES
« Les quatre hommes dénouent les cordes, enlèvent la bâche d’un seul mouvement et font apparaître la tête sculptée d’un serpent à plumes. Elle surgit d’un coup, la gueule largement fendue sur des hautes dents, peintes en rouge et vert et terriblement menaçante. Une corolle de plumes de pierre l’entoure. Sculpture violente, monstrueuse même, très fortement équilibrée pourtant ; une image qui semble ramasser à elle seule l’horreur et l’harmonie du monde. »
La controverse de Valladolid, Jean-Claude Carrière page 123
Voilà comment les prêtres espagnols perçoivent et décrivent Quetzalcóatl dans le livre, voyons maintenant qui il était vraiment pour ses fidèles, les Aztèques.
Le grand dieu Aztèque Quetzalcóatl était appelé le « serpent à plumes » car il était à moitié oiseau et à moitié serpent : Quetzal signifie oiseau en nahuatl, la langue aztèque, et Cóatl signifie serpent. Cela représenterait l’harmonie entre le ciel et la terre. Il était vénéré par les peuples de Méso-Amérique pendant près de deux milles ans jusqu’à la conquête de l’empire Aztèque par les Espagnols vers 1520. Cette divinité à la renommée impressionnante joua un rôle majeur dans la mythologie méso-américaine. En effet il était adoré comme l’un des dieux créateurs, grâce à qui l’humanité avait été introduite sur Terre. C’est pour cette raison que de nombreux chefs, rois et empereurs de l’époque portait son nom en son honneur ou comme incarnation de la divinité elle-même.
Selon la légende, les Dieux auraient envoyé Quetzalcóatl au Mictlan, le royaume des morts, afin qu’il y récupère des ossements humains de mondes anciens. Arrivé devant Mictlantecuhtli, le seigneur des enfers, Quetzalcóatl expliqua qu’il était venu chercher les ossements humains pour qu’il puisse faire vivre les humains sur la Terre éternellement. Déconcerté, le seigneur des enfers accepta à condition que le serpent à plumes se soumette à un simple défi : Siffler dans un coquillage de conque pour en faire sortir la musique. Mais le coquillage n’avait aucune ouverture et il était donc impossible pour le Dieu de souffler dedans. Il fit donc appel à l’aide de petits vers nommés Gusanos pour en percer la coquille et fit ensuite appel aux abeilles pour faire chanter le coquillage merveilleusement. Après ce succès, le seigneur consentit donc à lui donner les ossements. Cependant, sans doute froissé par tant d’audace et la facilité avec laquelle le serpent à plumes avait vaincu son défi, il ordonna à ses serviteurs de piéger Quetzalcóatl pour se venger de lui. Ils creusèrent un trou et y firent tomber le Dieu, puis voyant les ossements fracturés, ils s’en retournèrent satisfaits. Toutefois, déterminé à redonner vie à l’humanité, le serpent à plume rapporta les os avec lui et les moulu de nouveau puis, accompagnés d’autres Dieux, il les arrosa de son sang afin de redonner vie aux hommes et aux femmes, serviteurs des Dieux.
Bien que très étrange, ce mythe est une des raisons pour laquelle le squelette est toujours perçu comme un symbole de vie et de renouveau au Mexique aujourd’hui.
Le mythe qui accompagne la mort de Quetzalcóatl est très intéressant car il entre en lien avec l’arrivée des conquistadors espagnols : La légende raconte que le Dieu serpent à plume décida de s’immoler dans un immense brasier dont les flammes atteignirent le ciel et que l’astre de Vénus serait né de ses cendres. Mais avant ce faire, il envoya ses émissaires pour annoncer à ses ennemis qu’un jour il ferait son grand retour. C’est pourquoi, lorsque les navires du conquistador Hernan Cortès apparurent à l’horizon au large de Veracruz en 1519, les Aztèques crurent au retour de leur Dieu. Impressionnés par la puissance de leurs armes et par leur apparence étrangère, les Aztèques furent persuadés que les Espagnols étaient l’incarnation des Dieux et que Cortès, à leur tête, était la réincarnation de Quetzalcóatl en personne.
Graffitis modernes/Street Art représentant Quetzalcoatl
Sources :
Wikipédia - Quetzalcoatl
Le Petit Larousse Illustré des Légendes et des Mythes
Azura Mythes Légendes et Croyances - Le dieu-Roi Aztèque Quetzalcoatl
Nota Bene - Mythologie Aztèque