Observation - Philippe Lonchamp
Dans le recueil Et dessous le sang bouscule, on distingue facilement deux sujets, deux
années, deux syntaxes différentes. Explications...
Sur chaque page de gauche figure un poème écrit en août 2000. En effet, chaque jour, du 1er au 31
août, Pierre Longchamp a composé un poème sur un évènement personnel de sa vie : une rencontre. Une rencontre improbable qui, au fil des jours devient intense et surprenante. Postérieurement au
jour et au lieu, ces poèmes sont composés de six vers. Chacun d'entre eux sont écrits sous forme de décasyllabes et il n'y a, de plus, aucune rime. Voici l' un d'entre eux
:
8 août, vol Paris - Athènes
Me manque. Ça peut pas qu'on imagine.
Nuages vus d'en haut, c'est du feu blanc.
Loin dessous, cailloux, joujoux, choux, hiboux
et deux genoux, c'est tout, m'est tout, me manque.
Turbulences, mais le ciel est si clair,
en descente entre Egine et Salamine.
Les poèmes situés sur les pages de droite ont des caractéristiques communes avec ceux des pages de gauche mais sont néanmoins différents. Comme l'année précédente, l'auteur a écrit un poème chaque jour du mois d' août. Cette fois-ci, à partir des fragments des journaux du troisième mois d'été de 2001, il s'est interrogé sur le monde, sur sa " petite planète à milliards d'humains ", comme il le dit si bien. Le jour et le lieu sont à nouveau indiqués antérieurement au groupe de vers. Il y a au total sept vers, tous des alexandrins. Là encore, aucune rime n'apparaît mais on peut toute fois remarquer une particularité syntaxique : le septième et dernier vers est séparé des précédents. Souvent, ce dernier vers est une remarque de la part de l'auteur sur le sujet d'actualité évoqué. Voici l'un d'entre eux :
15 août, Paris
Nommé '' l'étoile du matin de la vallée
de Jiu '' par ses partisans, le violent leader
des mineurs roumains qui vient d'entamer sa peine
- dix-huit ans de taule pour coup d'Etat - , Miron
Cozma, sur pression du parti nationaliste
de la Grande Roumanie, va être gracié.
À la mine, en cinq ans, huit cents blessés, dix morts.
" c'est du feu blanc " - " l'étoile du matin de la vallée de Jiu "
Pour terminer, une phrase de Philippe Longchamp, qui donne tout son sens à l'originalité du recueil :
'' Chaque jour, l'une ne peut pour moi aller sans l'autre, l'histoire intime qui n'a d'autre lieu que ce monde et l'histoire collective où chacun est toujours inscrit. ''