Lettre - L'étranger
Mon ange,
Le temps me pèse sans ta présence. Le seul fait de t'imaginer entre ces quatre murs de béton me blesse au plus profond. Sans toi, la vie n'est pas la même, mon quotidien sonne faux. Je compte les heures, tourne en rond. Ton odeur flotte constamment autour de moi et parfois même, j'ai l'impression d'entendre les échos de ta voix. C'est dans cette salle des parloirs si sombre et morne, mon visage crispé, écrasé contre ces grilles de métal que ma vie retrouve un semblant d'humanité; car tu es là. Je me sens coupable. Coupable d'être libre et toi enfermé. Coupable de me plaindre alors que ta vie est en jeu. Coupable de ne rien pouvoir faire pour t'aider. Coupable. En liberté, j'ai l'impression moi aussi de purger une peine. En ce qui concerne cet homme qui est mort, je suppose qu'il t'avais menacé. On ne tue pas des gens pour le plaisir. Quoi qu'il en soit, je suis avec toi. Je serais là. Ne baisse pas les bras je t'en prie ... A la prochaine visite.
Je t'aime, ne l'oublie pas.
Ta Marie .