Fulguration - L'étranger

"Enfin, est-il accusé d'avoir enterré sa mère ou d'avoir tué un homme?"

Je trouve que cette phrase, prononcée par l'avocat de Meursault lors de l'interrogatoire des témoins, est très intéressante.

Elle résume le procès de Meursault : on lui pose plus de questions sur l'enterrement de sa mère (pourquoi n'a t'il pas pleuré, pourquoi ne s'est-il pas recueilli...) que sur le meurtre.

Cette phrase montre aussi le dégoût que peuvent avoir les hommes envers Meursault : ils sont choqués par son comportement.

Mais cette phrase est un peu absurbe, comme le meurtre (le soleil l'avait ébloui).

Mais surtout : dans une interview, ALbert Camus en 1955 nous dit :

« J’ai résumé L’Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est très paradoxale : “Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort.” Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, où il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c’est pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave. On aura cependant une idée plus exacte du personnage, plus conforme en tout cas aux intentions de son auteur, si l’on se demande en quoi Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est simple : il refuse de mentir. » (...)

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