Election - Isabelle Pinçon
je partirai d'un bloc de terre, j'aurai
les mains sales, mouillées, je me passerai un
doigt sur la figure au pourtour des yeux
inondables. Je partirai d'un bloc de pierre,
j'enlèverai des morceaux au hasard, je creuserai
des tunnels, un angle, trois soupirs. Je
rejoindrai un centre approximatif, mes mains
dans le seau boueux, en peine de matière.
Je partirai de l'homme et curieusement
tout deviendra facile
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Ce poème est celui qui m'a le plus marquée car il est riche, particulièrement bien écrit et très intéressant.
Tout d'abord, il est extrêmement imagé et presque entièrement métaphorique. En effet, au début de la lecture, il est impossible de comprendre de quoi il s'agit, où l'auteur va en venir. Ceci apporte une énigme au texte et l'embellit.
De plus, nous rencontrons le champ lexical de la matière, de la dureté dans les mots "bloc de terre", "bloc de pierre", "morceaux", "creuserai", "tunnels", "boueux" ou encore "matière", provoquant de multiples sensations telles qu' une impression de souffrance, d'isolement et de malaise, ce qui renforce la puissance de ce texte.
Pour continuer, nous ressentons à travers ces mots une réelle poésie, grâce à l'attelage "je creuserai des tunnels, un angle, trois soupirs" par exemple.
Enfin, la phrase qui vient clore ce poème, "je partirai de l'homme et curieusement tout deviendra facile" est très surprenante, elle vient tout à coup donner un sens à ce texte, permettant d'associer à sa vraie identité, les images qui se sont bousculées dans notre tête durant ces quelques lignes.
Ceci m'a procuré une grande satisfaction!