Contraction - I. Damotte
Poème Adrien.
Ma main n'est pas sage.
Elle ne tient pas en place.
Elle arrache les cheveux
tout en haut de ma tête.
Je la gronde.
J'inspecte la petite rondelle blanche
où pousse le lierre
Au réfectoire
Philémon mange le pain beurré saupoudré de sucre.
Il essuie sa bouche.
Il oublie les miettes réstés collées
sur sa main.
Je le sais. Ce soir il me rejoindra et pénétrera avec ses doigts entre les pierres du mur. Lentement nous marcherons vers la forêt, nous laisserons nos pas dans la neige, nous bâtirons notre cabane de pierre et de lierre.
Je m'appelle Adrien, j'ai six ans.
Les dames m'obligent à me réveiller le matin.
Je tiens la pierre dans ma main.
Ma main tient les cheveux de ma tête. Je la gronde. J'inspecte le lierre. Au réfectoire le pain beurré essuie sa bouche, oublie les grains sur sa main. Ce soir les pierres du mur marcheron[t] vers la forêt, bâtiron[t] notre cabane de pierre. Je m'appelle Adrien, j'ai six ans. Me réveiller le matin, la pierre dans ma main.