Association - Poème/musique

Dans le lignée de Marie de France, de Christine de Pisan, avec Marguerite de Navarre et Pernette du Guillet, Louise Labé ose endosser le rôle masculin de poète. La reprise des thèmes et formes pétrarquistes, platoniciens et humanistes, se fait d'un point de vue féminin qui inverse visions et rôles : c'est l'homme qui est l'objet du désir amoureux, le centre du fantasme, du songe.

"Je vis, je meurs"

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie.
J'ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie ;

Tout à coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir, maint grief * tournent j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur* ,
Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé, Sonnets, VIII.

1. Grief : terrible, pénible.
2. Désiré heur : bonheur attendu.

associé à : http://www.youtube.com/watch?v=sA7a6ffeE3w&feature=related

L'association est intéressante et en tout point repose sur des contrastes. Contraste présent dans le poème ou il y a la récurrence du passage "blanc/noir", joie/peine que l'on retrouve également dans le morceau avec les percutions et donc par opposition le piano, plus doux et fluide. Contraste aussi dans les deux quatrains qui développent une même idée, tandis que les tercets forment un parallèle. Le fond de cette chanson est plutôt mélancolique tout comme dans le poème ou il y a le champ lexical de le noirceur : "malheur" ; "froidure" ; "j'endure" etc... que l'on retrouve peut être avec un son plutôt flou, particulier qui persiste jusque la fin. Le poème obéit à un schéma (puisque c'est un sonnet) qui existe également dans le morceau de musique avec les percussions qui viennent ajouter du rythme et une structure à la musique.

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