Association littéraire - L'Étranger
L'Étranger d'Albert Camus me fait penser au livre Le pull-over rouge, de Gilles Perrault. J'ai étudié ce dernier en classe de seconde. Il n'est pas du tout de même nature que L'Étranger, puisqu'il traite d'un véritable fait d'actualité : le procès de Christian Ranucci, accusé d'avoir tué une petite fille en 1974. Il finit par être condamné à mort, après un procès pour lequel personne ne disposait de preuves solides. Il fut un des derniers français guillotinés (en 1976) avant l'abolition de la peine de mort en 1981. Ce livre, donc, a plus une valeur documentaire que romanesque.
La raison pour laquelle j'associe les deux livres est sans doute la façon dont est décrit le procès. Je me rappelle, dans Le pull-over rouge, une femme qui déplorait la déformation des propos de Ranucci par la justice. Les enregistrements de ses dépositions étaient cités durant le procès, mais le ton et les hésitations n'y étant pas, l'accusé passait pour ce qu'il n'était peut-être pas : un monstre. Or, dans L'Étranger, on ne donne pas l'occasion à Meursault de véritablement s'exprimer pendant son procès, et personne ne le comprend. Il passe donc pour un monstre sans coeur, alors que le lecteur peut le percevoir simplement comme quelqu'un de terre à terre à l'extrême, attaché à la vérité. S'il ne fait jamais preuve d'une grande sensibilité, ça ne fait forcément de lui un monstre. Il est finalement plus décapité pour son caractère particulier que pour son crime.