« Appréciation » - Charles Pennequin

« La ville est un trou »,
le premier poème du recueil éponyme,
est celui que je trouve le plus marquant.
Même s’il faut s’accrocher pour le lire et arriver au dernier mot
sans avoir balancé le recueil auparavant (impression personnelle).
Impression que le langage se réduit à du vomi verbal comme à la page 10 et 6 :
…« Et moi monsieur quand je va au boulot je n’aime pas les tulipes qui poussent. »… « Après j‘a mouru. »
Les mots sont répétés, les compléments d’un nom le plaquent et se collent à un autre nom,
la phrase se comble de virgules, les mots sont répétés et scandés,
un mot nouveau apparaît dans la phrase difforme et elle passe à autre chose,
de fil en aiguille à un autre sujet.
Les voisins, le boulot, la mort, la télé, le barbecue, la lecture, le popo, les courses, la moto, la famille
avec en leitmotiv : le TROU.
Comme après une légère marche dans l’artère passante d’une ville ou le conduit bouché d’un couloir,
avoir encastré ensemble tout le ramassis verbal entendu.
Satire du mode de vie de la ville et du langage videment vide.
Paradoxe poétique, cette poésie parle de choses banales,
moches et monotones sans la moindre goutte lyrique
mais avec un rythme frénétique.
Le poème devient lui-même un trou noir où sombre le vocabulaire, l’orthographe, la
syntaxe, le sens…
Stupéfiant,
hypnotisant, comme une incantation qui cherche à nous faire tomber dans ce trou.
« La vie est un trou
et nous avons les moyens de vous faire exister. »