Fake diary - Sophie G. Lucas
20 Avril 2013
Il a recommencé. Une fois encore son poing s’est mis à danser. De haut en bas, résonnant sur mes côtes, mon dos, mon ventre, chaque partie de mon corps. Ce n’est pas de sa faute. Je le sais. Alcool.Drogue.Alcool.Drogue. Encore. Et toujours. Cela fait bientôt deux ans que ses nerfs cèdent et que j’en suis la victime. La prison, une case par laquelle il est si souvent passé. Mais qui semble ne rien changer. Il continue. Mais il est désolé et moi déboussolé. Je suis accablé de doutes. Partir me semble parfait mais il me retrouverait. Il me l’a déjà dit : Pars. Je te retrouverais. Je te ferai subir des tourments pires que la mort. Alors je reste et des fois je pense avoir fait le bon choix. Il revient du bar avec des bonsoir chérie. Un bouquet de fleurs et une petite boite de douceurs. Et l’instant d’après c’est reparti pour une danse infinie. Il ne s’arrête pas avant que je ne finisse inconsciente sur ce sol si froid avec pour me tenir compagnie seulement l’espoir, qu’un soir il ne rentre pas. Mais je sais au plus profond de moi que ça n’arrivera pas.
02 mai 2013
Ce matin une ambulance est venue me chercher. 3 côtes cassées. Un poumon qui a manqué d’être perforé, une vie lacéré. La police m’a interrogé. Que s’est-il passé ? Une simple chute dans les escaliers. Une réponse toute trouvée afin d’éviter un nouveau numéro. Un sourire forcé et la déposition est achevée. Il me prend par le bras et sans ménagements me pousse à l’avant du véhicule qui me ramène vers mon enfer quotidien. Première marche, l’air s’échappe de mes poumons. Deuxième marche, mon intérieur se déchire. Troisième marche, je ne suis plus capable de bouger. Pourtant le choix ne m'appartient pas. Dépêche-toi. Je suis assise le temps de reprendre mon souffle mais il n’est pas d’accord. Il se met à gesticuler. Il se met à crier. Je suis terrifiée. Il m’ordonne de me lever. Mais mon corps ne peut s'exécuter. Je suis sa femme. Je suis un simple objet. Il monte dans le grenier. Il revient avec le fusil chargé. Il me brise, je sens que ce soir il va faire une bêtise.