Ethnologie - Tout savoir sur les boucs émissaires !
L'origine des boucs émissaires
L'appellation de « bouc émissaire » n'est pas née par hasard. A l'origine, cette expression n'était même pas à prendre au sens figuré. En fait, elle possède une connotation biblique : les Israéliens auraient chargé un bouc de l'ensemble de leurs péchés avant de l'envoyer se perdre dans le désert, les libérant ainsi de leurs fautes en les tenant à distance.
Un phénomène courant dans un groupe
De nos jours, le terme de bouc émissaire qualifie une personne rendue responsable de toutes les fautes, un souffre-douleur en quelque sorte. C'est une personne qui paye pour toutes les autres de manière totalement injuste. Généralement, un bouc émissaire est partiellement ou totalement innocent des fautes qu'on lui fait endosser. Il existe plusieurs critères poussant des individus à en rejeter un autre : la différence de la victime, l'antipathie qu'elle suscite, le peu de pouvoir qu'elle exerce. Cela peut s'exercer dans le cadre d'une famille, d'une équipe de travail, d'un groupe d'amis, d'une secte, en somme tout ce qui constitue une collectivité.
Un bouc émissaire n'est pas choisi par hasard : la victime possède des caractéristiques qui justifient qu'elle soit tourmentée. Tout d'abord, elle doit appartenir à un groupe, mais dans le même temps, être suffisamment distante de ce groupe pour que personne ne se reproche le mal qu'il lui fait. De plus, les particularités du souffre-douleur doivent être des extrêmes : riche ou pauvre, beau ou laid, gros ou maigre, intelligent ou bête... Enfin, le persécuté doit être en partie consentant de ce rejet (car il se sait coupable) pour qu'il soit légitimé.
Le bouc émissaire, aussi étrange que cela puisse paraître, permet à la fois de libérer l'agressivité collective en étant la cible de tous, mais aussi de souder le groupe à travers cette forme de harcèlement : grossièrement, cela reviendrait à des « partenaires de crime ». Le processus de bouc émissaire repose néanmoins sur un mensonge collectif ou un déni de la réalité qui dure, car la situation arrange tout le monde : les bourreaux exercent cette autorité tant que la vérité n'est pas révélée et ont tout intérêt à ce qu'elle ne le soit jamais.
Porcinet, bouc émissaire caractéristique
Dès le début, Porcinet est catalogué comme victime. Son embonpoint, son asthme, son intelligence supérieure au reste du groupe font de lui la cible du groupe. On sait qu'il a déjà été victime de harcèlement étant donné son surnom attribué par ses anciens camarades de classe. Il accepte donc ce rejet bien qu'il en soit affecté.
Les illustrations de cette exclusion sont nombreuses : lorsque le sobriquet du pauvre garçon est révélé et que tout le monde en rit, on peut déjà prédire que celui-ci sera destiné à être le souffre-douleur des jeunes aventuriers. On pense notamment aux meetings, lorsque Porcinet s'apprête à prendre la parole mais, en dépit des règles qui l'autorise à prendre la parole sans être interrompu car il est en possession de la conque, il se la fait arracher par Jack ou interrompre par le reste du groupe (voir l'image). Au moment où la chasse au monstre se déroule, Porcinet ne peut accompagner les plus grands et doit s'occuper de quelques enfants, ce qui ne lui plaît guère. Enfin, il conserve une part de respect par rapport à ses lunettes, utiles à la confection du feu, mais ce dernier point peut être contesté car il se les fait arracher par la force et contre son gré et lorsqu'il se les fait dérober, il est complètement démuni face aux moqueries des enfants.
Bien que le phénomène de bouc émissaire soit plus ou moins voyant au sein d'une collectivité, il est pourtant bien présent et a toujours existé. Dans Sa Majesté des Mouches, on montre clairement que la petite tribu n'est que le reflet de la société lorsqu'elle s'acharne sur Porcinet de manière totalement injuste.
Réalisé par Lilou, ethnologue
Source : Petit Larousse illustré 2007, Wikipédia, Sa Majesté des Mouches, Peter Brook