i-voix aux mains d'argent - Florilège 4 2014-2015
Effraction, immersion, contraction, dilatation, substitution : tout au long de l'année, les lycéens d'i-voix ont aimé couper-coller-insérer-remplacer... dans des oeuvres variées.
A la manière des cut-up de William Burroughs, des cadavres exquis surréalistes, des centons oulipiens, des MashUp vidéos, ils explorent ainsi, à l'ère du numérique, une façon originale de s'approprier des textes littéraires et d'en créer de nouveaux. Cette activité, ludique et pédagogique, permet de comprendre de l'intérieur l'univers d'un auteur, de faire résonner en soi ses mots, de partager les sensibilités et les imaginaires, de travailler la langue, de faire jaillir de soi des éclats de poésie. Alors peut-être la littérature retrouve son pouvoir de vibration et de façonnement.
Saurez-vous reconnaître les oeuvres qu'ils ont ainsi goulûment dépecées, chirurgicalement charcutées, poétiquement électrocutées ?
Tim Burton - Edward aux mains d'argent
ciel indigo fin d'hiver
cadre feint à chaque
allée de monts neigeux
la ville est douce
Sous le masque
C'est désormais visage nu
que nous entrons dans la nuit.
Sur le seuil les hommes y sont parvenus :
l'un qui sourit
et l'autre qui ne connait plus.
En cet instant accompli.
s'éveille la forêt des révolus
ou des ombres s'étirent, accroupis.
De vieilles ombres fourbues
s'arrachent de la terre grise et pervertie
et cherchent un visage ou les lambeaux ne sont plus.
Attente. Il fait froid et la vie
D'un silence blanc et décousu
tombe sur nos paupières évanouies.
de chaque mot
je fais une oreille
à l'écoute du monde
ma bouche est un vase
dont le col s'ouvre
à la parole
j'ai trop levé
les yeux vers le ciel
trop cherché les Céphéides
j'ai l'oeil droit en sang
Frère galet, rugit la mer,
Survole cette vague rosée,
Et sur cette vague emporte-moi,
Vers de nouvelles rives déchaînées.
on ne voit plus rien
l'ombre
a recouvert ses songes
de la rive glissante
rien que fleuve
une eau noire
emportée
vacarme obscur
sans reflets
ni lumière
sa nuit seulement
-
ne rien ressentir (pas même la joie)
-
ne plus écarter le silence mais le laisser t’emplir (y puiser son souffle)
-
se remémorer le passé à mains nues (ne rien en oublier)
-
faire la part des mots et du calme (chaque fois qu’aspirer)
- penser en faire le tour, se demander si un accès a été prévu
- penser défaire le tour : quelles sont ces histoires de limites aux joies, aux pensées, aux reflets, tu penses réellement que les frontières ça existe ?
- penser peu, à cause de l'inquiétude qui monte, à un moment se demander si le corps et l'esprit sont compatibles, ou pas, à quel détail près
- se demander si tout, entièrement tout, sera de taille et assez fort pour chasser les ombres ou les illuminer, ensuite fermer les yeux, identifier l'âme à l'intérieur et la prendre en photo, afin de se la remémorer
Mal dissous, et tous ces regards bleus que je laisse, permanent souvenir que celui de la voile, de vous penché sur moi en nonchalance posée.




