Actus - Le sens du tatouage
«Son torse, ses épaules, ses bras, ses cuisses
sont couverts de tatouages et de scarifications» (p.41)
Quand Narcisse Pelletier est retrouvé par les marins du John Bell, il est vu comme un sauvage car « son torse, ses épaules, ses bras, ses cuisses sont couverts de tatouages et de scarifications » (p.41). A la lecture de ces lignes, une question se pose immédiatement : quel sens donner aux tatouages de Narcisse Pelletier, personne réelle, personnage de roman, et quel sens accorder aux tatouages aujourd’hui ?
Le tatouage est une marque d’appartenance tribale vieille comme le monde et tous les peuples ont eu recours à cette pratique, que ce soit les Inuits, les Maoris ou les Pictes. Ainsi, Narcisse trouve normal de se faire tatouer pour montrer qu’il appartient à cette tribu australienne qui l’a recueilli : « Son tatouage n’est qu’un simple motif (…). Pour les jeunes gars, les tatouages recouvrent bras et cuisses. Les hommes en sont presque entièrement recouverts. » (p.337-338)
Le tatouage peut également signaler le passage à l’âge adulte et aujourd’hui, c’est, dans de nombreuses sociétés, y compris occidentale, une manière d’affirmer son indépendance par rapport à ses parents, comme un rite; il permet d’établir clairement sa différence par rapport aux autres, c’est une affirmation de soi.
Mais le tatouage ne sert pas qu’à s’affirmer, il est aussi la marque de faits passés, souvenirs ou épreuves que l’on a envie de rappeler, comme pour montrer qu’on a réussi à les surmonter, comme le dit si bien Merlin, 27 ans, tatoueur : « Je pense que j’aide [les gens] à accepter leurs problèmes, via un moyen qu’ils ont choisi. » Le tatouage sert à donner du sens aux événements d’une vie même si, avec le temps, ces marques deviennent parfois illisibles, comme sur la peau du doyen, dans le roman (p.260): « Les tatouages et les scarifications se perdaient, illisibles, dans les plis de cette peau devenue grise et comme déjà morte ».
Le tatouage n’est pas qu’une simple marque ou un simple souvenir, il a un sens. C’était d’ailleurs un des moyens d’expression favoris des marginaux jusqu’à une époque récente.