Réécriture - "Sale époque"
« SALE EPOQUE »
Il y a ces matins où l’on voudrait dormir.
Il y a ces sommeils dont on voudrait sortir.
Il y a ceux qui veulent vivre libres ou mourir.
Il y a ceux qui sont morts d’avoir voulu trop vivre.
Il y a bien la vie, la mort, l’amour, la vie,
Comme passe le soleil dans le bleu de la nuit.
Il y a dans nos cœurs des femmes et des hommes.
Il y a dans nos cœurs la vie qui raisonne.
Il y a de par le monde des milliards de gens,
Mais il y a parmi eux trop peu de dissidents.
Il y a les racistes, corrompus et violents.
Il y a pour ces dangereux le nom de dirigeants.
Il y a je l’espère en chaque Homme sensé
Une révolte sourde, celle de l’opprimé.
Il y a je le déplore en tout Homme opprimé
La volonté secrète d’à son tour dominer.
Il y a en chacun une part de bien,
le plus souvent noyé dans un puissant venin.
Il y a des temps où l’on espère encore
Pouvoir réveiller la conscience qui dort.
Il y a des temps où l’on aimerait voir,
Poing levé dans la rue, le peuple vêtu de noir
endeuillé par la mort de la démocratie,
de la liberté et de l’honnêteté, que sais-je ?
Il y a beaucoup de deuils à porter.
Il y a une révolte à mener.
Il y a tout à refaire.
Il y a plus à détruire !
Hypotextes : Rimbaud - Apollinaire - Guillevic - Aragon