Prolongement - Une nouvelle de Borges sur la quesion de la réécriture
Pierre Ménard, auteur du Quichotte
dans le recueil de nouvelles Fictions
Sous la forme d’une note biographique réalisée à l’occasion de la mort d’un certain Pierre Ménard, la nouvelle de l'écrivain argentin Borges met en lumière une face inconnue de cet écrivain fictif.
La plus grande oeuvre de Pierre Ménard serait en effet une réécriture de certains chapitres du Don Quichotte, le chef-d'oeuvre de l'écrivain espagnol Cervantes, réécrits de surcroit à l’identique.
"Rien de nouveau donc. Et pourtant l’auteur n’est plus le même, par conséquent ses
intentions ne le sont plus non plus : ce sont les mêmes mots, ce n’est pas le même livre. La nouvelle se termine sur les possibilités infinies offertes par cette technique : chaque livre, si
pensé comme étant le fruit d’un autre auteur, prend une autre signification.
Cette nouvelle met en valeur deux pensées chères à Borges. La première est que, pour reprendre le mot d’Héraclite, on ne se baigne jamais dans le même fleuve. Une même phrase, prononcée avec
plusieurs siècles d’écart, n’aura plus le même sens, car le langage aura évolué. La deuxième est qu’un livre n’est pas qu’un simple texte mais l’occasion d’une rencontre avec un lecteur, qui lui
donnera une interprétation et, par cette même action, la vie.
Le langage n’est pas un outil univoque, mais un réservoir de sens." (Benjamin Sausin)