Poème de Lorenzo - Refrain du dernier souffle
Présentation dans l'histoire littéraire : Charles Cros est né à Fabrezan le 1er octobre 1842, c'était un poète et inventeur français. Il était passionné de littérature comme de sciences, il a d'ailleurs été professeur de chimie à l'Institut parisien des Sourds-Muets. Il publia ses premiers poèmes dans le Parnasse contemporain et fréquenta les cercles et cafés littéraires de la Bohème de l'époque. Mais s'il était connu, en vérité, c'était pour ses monologues, dont le plus connu est le Hareng saur, qu'il récitait lui-même dans des cabarets parisiens comme "Le Chat noir". En son honneur à été créée l'Académie Charles-Cros qui récompense chaque année les meilleurs disques. Il meurt à Paris le 9 août 1888.
Ballade du dernier
amour
Amours heureux ou malheureux,
Lourds regrets, satiété pire,
Yeux noirs veloutés, clairs yeux bleus,
Aux regards qu'on ne peut pas dire,
Cheveux noyant le démêloir
Couleur d'or, d'ébène ou de cuivre,
J'ai voulu tout voir, tout avoir
Je me suis trop hâté de vivre.
Je suis las. Plus d'amour. Je veux
Vivre seul, pour moi seul d'écrire
Jusqu'à l'odeur de tes cheveux,
Jusqu'à l'éclair de ton sourire,
Dire ton royal nonchaloir,
T'évoquer entière en un livre
Pur et vrai comme ton miroir,
Je me suis trop hâté de vivre.
En tes bras j'espérais pouvoir
Attendre l'heure qui délivre ;
Tu m'as pris mon tour. Au revoir.
Je me suis trop hâté de
vivre.
Charles Cros
Présentation dans l'Histoire littéraire : Lorenzino de Médicis ( en français , Laurent de Médicis), est né le 23 mars 1514 à Florence et mort le 26 février 1548 à Venise, il appartenait à la famille florentine des Médicis. C'était un homme politique, écrivain et dramaturge. Lorenzino est l'auteur de la comédie l'Aridosio et d'un livre intitulé "Apologie". Mais sa plus grande oeuvre reste ce fameux poème "Refrain du dernier souffle", qui influencera le poème de Charles Cros, "Ballade du dernier amour", dans le recueil Le coffret de santal, publié en 1873.
Refrain du dernier souffle
Destin heureux ou malheureux,
Lourds mensonges, vraie duperie,
Vain miroir de ces clairs yeux bleus,
Odeur de courtisanerie,
Je suis rongé d'une prière
Auprès de laquelle la nuit
La plus sombre est une lumière
Éblouissante, épanouie.
Non. Vivre l'immoralité,
Jusqu'à l'arôme de l'ivresse,
Jusqu'à l'euphorie du péché,
Toujours une arme sous la main.
Le mérite est de frapper juste
La vengeance, un repas divin,
Qu’on apprécie et qu'on déguste.
Je dois, après ce crime atroce,
Attendre l'heure qui délivre :
Jour de sang, ô jour de mes noces !
Je me suis trop hâté de vivre.
Lorenzo
Notes :
- Odeur de courtisanerie : Acte I, Scène première (l.32).
- Je suis rongé d'une [prière] auprès de laquelle la nuit la plus sombre est une lumière éblouissante : Acte III, scène 3 (l.130).
- Toujours une arme sous la main : Acte IV, scène 11 (l.4,5).
- Le mérite est de frapper juste : Acte I, scène première (l.20).
- Jour de sang, jour de mes noces ! : Acte III, scène première (l.19).