Poème de Lorenzo - Duc Oublié - VII
~ Paul Verlaine est un poète français, né le 30 mars 1844 à Metz. Il est avant tout un poète du clair-obscur. Lorsqu'il habite à Paris, il commence à fréquenter les milieux littéraires, il mène une vie répréhensible aux yeux des siens, entre les cafés, où il abusait de l'absinthe. Il est cependant devenu l'un des écrivains les plus admirés de sa génération, et son influence sur les jeunes poètes, notamment les premiers symbolistes, est déjà grande. On doit encore à Verlaine un important recueil d'études critiques sur Rimbaud, Mallarmé et Tristan Corbière.
~ Verlaine et Rimbaud (1871): Verlaine choisit de s'enfuir avec Rimbaud, abandonnant femme et enfant qu'il a eu précédemment avec Mathilde Mauté. Les deux poètes poursuivent, en Belgique puis en Angleterre, une relation tumultueuse et passionnée, qui se termine violemment, lorsque Verlaine, au cours d'une dispute, tire deux coups de feu sur Rimbaud, le blessant légèrement. Il est condamné à deux ans de prison. C'est dans sa cellule qu'il écrit les poèmes du recueil Romances sans paroles(1874) sur la période de sa vie commune avec Rimbaud. Il meurt à Paris le 8 janvier 1896.
Ariettes oubliées - VII
O triste, triste était mon âme
A cause, à cause d'une femme
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,
Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon coeur s'en soit allé.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme: Est-il possible,
Est-il possible, - le fût-il, -
Ce fier exil, ce triste exil?
Mon âme dit à mon coeur: Sais-je
Moi-même, que nous veut ce piège
D'être présents bien qu'exilés
Encore que loin en allés?
Paul Verlaine
~ Né à Florence le 23 mars 1514, Lorenzino de Médicis était le fils de Pierfrancsco de Médicis le Jeune et de Marie Soderini. Après la mort de son père (1520), il fut élevé par sa mère et ses tuteurs à la Villa del Trebbio, où il grandit aux côtés de son frère Julien et de Cosme Ier de Médicis. En 1530, il se rendit à Rome, où il a acquis la mauvaise réputation de coupe-tête des statues anciennes (il avait en effet dans un moment d'ivresse décapité les huit rois barbares de l'arc de Constantin) qui lui a valu d'être banni de la ville et le surnom de Lorenzaccio. De retour à Florence la même année, il est devenu le compagnon inséparable du duc Alexandre de Médicis, son cousin, compagnon de ses excès, des actions criminelles, dissolues et libertines et de ses débauches, ils auraient régulièrement partagé le même lit. Le 5 janvier 1537 au soir, Lorenzino trouva le duc endormi, comme il l'avait prévu, pour le tuer. Le duc, cependant, fut réveillé par la première agression et ne fut tué qu'après une lutte violente. Lorenzino fut percé de coups de couteaux par deux hommes, et mourut le 26 février 1548.
Lorenzaccio fut aussi, on le sait moins, un grand poète : il est l'auteur de cette "ariette" qui fut oubliée par tous
sauf par Verlaine...
Duc oublié – VII
Ô triste, triste était mon âme
A cause, à cause d'un infâme
Je ne me suis pas apaisé
Bien que son corps s'en soit allé,
Bien que mon coeur; bien que mon âme
Eussent fui loin de cet infâme.
Je ne me suis pas apaisé
Bien que son corps s'en soit allé.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il crédible
Est-il crédible, - le fût-il, -
Ce fier drame, ce triste drame ?
Mon âme dit à mon coeur : Sais-je
Moi-même, que nous veut ce mal
D'être présents bien qu'effacés
Encore que loin en allés ?
Lorenzino de Médicis