Poème de Lorenzo - Ma décision
Présentation de Boris Vian
- Boris VIan est un écrivain, poète, scénariste, traducteur et chanteur français né le 10 mars 1920 à Ville-d'Avray.
- Vian a signé ses nombreux écrits de pseudonymes divers dont le fameux Vernon Sullivan, « auteur » de J'irai cracher sur vos tombes
- Le Déserteur a été adapté en chanson par son auteur en 1954.
Le Déserteur
Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
Présentation de Lorenzino de Médicis
Lorenzino de Médicis, dit Lorenzaccio (né le 23 mars 1514 à Florence - mort le 26 février 1548 à Venise) était un homme politique, écrivain et dramaturge appartenant à la famille florentine des Médicis, qui fut mêlé aux intrigues et complots qui secouèrent cette grande famille à l'époque de la Renaissance
Ma décision
Messieurs les Florentins
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Même si c'est en vain
J'ai cru à l'importance
De la grandeur humaine
J'ai cru à la vertu
C'est parfaitement faux
On m'a dit pauvre sot
Alors je me suis tu
Assurément ma haine
N'a fait qu'évoluer
Quand on me conspuait
Florence me fait peine
Qui se noie dans son sang
Et dans la corruption
De ses hautes fonctions
Comme un agonisant
Il faut que je vous dise
Cela n'est pas fini
Si j'attente à ma vie
Car partout à Florence
Je n'entends que des cris
Me moque des combats
Me moque des soldats
Là-bas partout ici
Sans doute même à Pise
On m'a volé mon charme
On m'a volé mon âme
Ma décision est prise
Demain en pleine nuit
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
Je tuerai à minuit
Florence par i-voix