Poème de Lorenzo - Je suis fait d'ombre et de marbre
Le poème de Victor Hugo (le copieur !)
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HISTOIRE LITTERAIRE :
Victor HUGO (1802-1885) poète, homme politique et écrivain, faisait partie de la génération romantique. Le poème « Je suis fait d'ombre et de marbre » fut publié en 1881, dans le recueil Les quatre vent de l'esprit. Comme on peut le constater, le grand poète romantique s'est largement inspiré de la création de Lorenzaccio !
Je suis fait d'ombre et de marbre
Je suis fait d'ombre et de marbre.
Tel les racines d’arbres noirs,
La nuit me prends avec elle
J'écoute ; je suis sous terre ;
D'en bas je dis au tonnerre :
Attends ! Reste calme, Belle.
Moi qu’on nomme l’infâme,
Je suis dans la nuit calme,
Moi, l’homme mystérieux ;
Je ne suis que Ténèbres ;
Dans la spirale lugubre
L'ombre ouvre ses vagues yeux.
Les flambeaux deviendront cierges.
Respectez mes pensées vierges,
Passez, les joyeux du jour !
Mes marches ne sont pas faites
Pour les pieds ailés des fêtes,
Pour les pieds nus de l'amour.
Devant ma profondeur blême
Tout tremble, les masques même
Ont des gouttes de sueur.
Je viens de la tombe morte;
J'aboutis à cette porte
Par où passe une lueur.
Le banquet rit et flamboie.
Alexandre est dans la joie
Sur son trône déshonoré ;
Tout le sert, tout l’encense ;
Et la femme à leur puissance
Mesure sa nudité.
Laissez la clef et le pène.
Je suis l'escalier ; la peine
Médite ; l'heure viendra ;
Quelqu'un qu'entourent les ombres
Montera mes marches sombres,
Et quelqu'un les descendra.
Source image : Wikipédia
Le poème de Lorenzo (le vrai)
HISTOIRE LITTERAIRE :
Lorenzo de Médicis était le cousin du duc de Florence, Alexandre de Médicis. Il était considéré, par le peuple, comme un libertin, comme un truand, comme un profiteur... D'où le nom que lui a attribué Alfred de Musset dans la pièce de théâtre éponyme : Lorenzaccio, Laurent le Sale. Il assassina son cousin pour libérer Florence de l'emprise de la monarchie. Cependant, Côme de Médicis réussi à reprendre le pouvoir avant même qu'une révolution ait pu être organisée … Lorenzo était, contrairement à ce que tout le monde pensait, quelqu'un de bon. En effet, c'est à force d'être poussé dans le vice, qu'il en est devenu le symbole.
Lorenzo de Médicis publia quelques temps avant sa mort un recueil dont le titre a été publié. Mais depuis quelques temps, on voit réapparaitre peu à peu les poèmes de Lorenzo. Aujourd'hui, Lorenzo révèle encore une de ses faces cachées : celle d'un poète d'une grandeur d'âme incroyable pour un homme considéré comme « sale »...
Je suis fait d'ombre et de marbre
Je suis fait d'ombre et de marbre
Telles les racines d’arbres,
La nuit me prend avec elle ;
J'écoute ; je suis sur terre ;
D'en bas je dis au tonnerre :
Attends ! reste calme ! gèle !
Moi que l’on nomme l’infâme,
Je suis dans cette nuit calme,
Moi, un homme mystérieux ;
Je ne suis que les Ténèbres,
Dans la spirale lugubre
La débauche ouvrant les yeux.
Devant ma profondeur blême
Tout tremble, le peuple même
A des gouttes de sueur.
Ma Florence semble morte ;
Je viens de la tombe, porte
Par où passe une lueur.
Le banquet rit et flamboie.
Alexandre est dans la joie.
Dans son pays déshonoré,
Tout lui obéit, l’encense ;
Mais Catherine, innocence,
Mesure sa nudité.
Laissez la clef et le pêne.
Je suis l'escalier ; la peine
Médite ; l'heure viendra ;
Quelqu'un qu'entourent les ombres
Montera mes marches sombres,
Et quelqu'un en tombera.