Interprétation - Une rose trémière...
décapitée la rose trémière.
le meurtre de la lumière.
le sanglot de la phrase.
la couture d'amour.
la voix portée.
Ce poème m'a beaucoup intrigué. Ce qui m'a tout d'abord sauté aux yeux est la présence des six points. En effet, tout au long du recueil une phrase, il y a rarement présence de ce signe de ponctuation, et encore moins pour l'intégralité d'un poème. Ces points, ajoutés au fait qu'il n'y ait pas plus de cinq mots alignés, donnent un rythme saccadé au poème et ce dernier connote quelque chose de tranchant.
En le lisant attentivement une seconde fois, puis une troisième fois, j'ai essayé de déchiffrer ce que l'auteur voulait exprimer. J'ai perçu la '' rose trémière '' comme une femme et '' la phrase '' comme lui, François Zénone. En supposant que '' la phrase " soit l'auteur, il m'est venu à l'idée que le titre de son recueil une phrase pouvait être remplacé par le titre '' un homme '' . En effet, à la fin de la lecture du recueil, j'ai eu l'impression que l'auteur '' s'était raconté '' , qu'il avait parlé de lui et des épisodes passés de sa vie. De ce fait, '' un homme '' ne serait plus une personne quelconque, mais bien lui : François Zénone.
Mais je m'éloigne, revenons à l'interprétation. En considérant que la rose
trémière, qui n'a rien à voir avec le rosier, qui ne possède pas d'épines et qui fleurit uniquement l'été, soit une femme, et que la phrase soit un homme, un scénario s'est
dessiné : nous sommes dans les derniers jours du mois d'août, la fin de l'été est
imminente. Une aventure hors du temps, née au cours de ce doux été, se termine. Les rires insouciants disparaissent, la voix fluette s'éteint. La lumière du jour, meurtrière, passe à travers les
rideaux, et s'élève, comme la rose trémière. Cette dernière aurait tant voulu ne jamais voir ces rayons lumineux perforer le tissu beige. Elle aurait voulu que le noir, si proche du rose, soit
éternel. La phrase aussi l'aurait voulu. Tandis que les gestes de la rose trémière se fanent peu à peu, la phrase sanglote. La rose trémière sent, elle aussi, la rosée de ce matin épineux lui
piquer les yeux. Alors, pour qu'aucune perle transparente ne tombe, pour que la phrase cesse de transformer les draps blancs en une mer bleue, la rose trémière promet. Elle promet qu'un jour,
tout refleurira à nouveau. La phrase, tenant cette promesse dans le creux de son coeur et de sa main, sourit. Un courant d'air passe à travers la fenêtre entrouverte. La phrase frissonne, se
lève, et clot ce carré transparent : ce n'était que le vent, qui, de sa force légère, faisait chanter les roses trémières.