Incipit autobiographique - Vie d'une autre
Elle,
Est une fille qui m'est lointaine. Je vais essayer de parler d'elle malgré le si peu de choses qui me semblent justes dans ma mémoire. Je préfére vous avouer que je n'aime pas spécialement parler de cette jeune fille, ou devrais-je dire de cette petite fille. Son arrivée dans ce monde était il y a tout juste 17 ans moins 5 jours. Je ne sais pas quel temps il faisait ce jour là mais ce que je peux vous dire, c'est que ce bébé, qui apparemment était moi, paraissait bien sage comme une image disait-on.
Cette petite fille sans soucis, était fille unique.
Pourquoi ? A l'heure à laquelle je me confie à vous, le premier mai deux mille dix à seize heure, les oiseaux dans le ciel tout empli de nuages blancs, les feuilles des arbres vertes dans le vent, une planche à voile qui suit son chemin dans les vagues grises, pourquoi ? Ce mot, cette question est là, présente sous chaque pensée de l'être que j'appelle moi.
Lorsque ce petit bout de chair rose s'occupe, seul, dans sa chambre, pendant qu'en bas de la colère se fait ressentir... Ou lorsqu'en grandissant, l'ennui est présent, cette personne-la devient un manque, un blanc dans la vie d'une fille sensible.
Ou lorsqu'un jour on lui dit : "Je ne suis pas enfant unique moi". C'est dans ces moments-là qu'on se demande Pourquoi ?
Vous devez sans doute vous demander pourquoi j'insiste tant sur cette fille sans frères, ni soeurs; je pourrais dire aussi sans cette personne qui vous tanquine, ou vous conseille, ou vous énerve, ou cette personne à qui vous vous confiez, avec qui partager des moments complices...
L'envie de cette personne est si forte chez cette fille, que j'ai appelée Elle. Un souvenir vague pour moi à présent, puisque la fille dont je vous parle n'avait sans doute que un ou deux ans. Un petit frère, a-t-elle faillit avoir. Mais... non, ce fut qu'une fausse impression. Une fausse impression qui ne fit pas grand effet à cette petite fille, mais plus cette fille grandissait, plus elle se posait des tas de questions... Elle ne pensait pas que cela venait de ce manque, une jeune fille désormais, qui se rend compte des conséquences, un manque qui la suivra toute sa vie.
Je ne vous ai même pas dit le nom de cette fille, c'est parce que je n'en vois pas l'utilité. C'est parce que j'ai très peu de souvenirs du temps de cette fille que je vous ai raconté cela, c'est seulement cet évènement qui m'a marquée. Je n'aime pas raconter ma vie et cela tient sans doute de la timidité et de la discretion qu'elle avait. Je me souviens lorsqu'elle devait réciter une poésie devant toute la classe, elle devenait toute rouge comme une tomate, et perdait tous ses moyens. Elle se faisait toute petite comme une petite souris.
Cette fille est une autre.
Je n'arriverais pas à parler de moi en disant "je", alors si vous m'avez comprise vous n'avez pas grand chose à retenir de moi.