i-voix aux mains d'argent - Florilège 8
Tim Burton - Edward aux mains d'argent
Effraction, immersion, contraction, dilatation, substitution : tout au long de l'année, les lycéens d'i-voix ont aimé couper-coller-insérer-remplacer... dans des oeuvres variées.
A la manière des cut-up de William Burroughs, des cadavres exquis surréalistes, des centons oulipiens, des MashUp vidéos, ils explorent ainsi, à l'ère du numérique, une façon originale de s'approprier des textes littéraires et d'en créer de nouveaux. Cette activité, ludique et pédagogique, permet de comprendre de l'intérieur l'univers d'un auteur, de faire résonner en soi ses mots, de partager les sensibilités et les imaginaires, de travailler la langue, de faire jaillir de soi des éclats de poésie. Alors peut-être la littérature retrouve son pouvoir de vibration et de façonnement.
Saurez-vous reconnaître les oeuvres qu'ils ont ainsi goulûment dépecées, chirurgicalement charcutées, poétiquement électrocutées ?
Tim Burton - Edward aux mains d'argent
Chacun pille ce petit bonheur de jour
Un bout de la beauté, sa violence douce
Cette peur de soi brûlant intensément
Le feu mouillé nous sépare
Paroles élimées
La clarté du silence indéchirable s'oublie
délivre l'impossible désir fou
On garde poings serrés, muet
Jeté dans l'absence
Rien que des phrases où l'on se perd
la douceur
associée à la douleur
à consoler de l' absence
Qui la mange
Monte au plafond
Quand il sort de sa coquille
Et j y compose
Le sobriquet
depuis vingt-cinq ans
aucun poème sur le sujet
jamais un vers
elle porte un recueil
à ses mains
me regarde comme on voit
un nuage loin
Le large est ici, aube sur la ville, et ta bouche s'acharne en moi comme le soc noir de midi.
éteinte la voix d'or
décapitée l'écarlate rose
le meurtre de la vive lumière
le sanglot de la phrase assimilée
la couture ouverte de l'amour
la voix portée s'arrête.
Assise dans le parc,
la fraîcheur dispersée dans la poitrine,
la pointe du jour s'émousse.
Tu es là,
et ta bouche s'acharne en moi,
par l'aplomb d'un geste.
Terre promise,
avec l'insistance d'un ciel,
et sa leçon de pénombre.
Une image.
Tes mains.
Délicates.
Un sourire.
l'hésitation de ta voix
sur un point d'interrogation comme si
de cette légère esquisse de la plume
devait naître un mensonge
Les mots en gras sont ceux modifiés du poème de la page 14.
L'absence de la phrase courte déchire la parole, la douleur insensible à l'amour rejoint la mort, le courage repose sur des gouttes de sang
je tombe
je vois
dans le noir des spirales qui se déforment
une violente poésie échappée
un nuage mort
dans les tourbillons de larmes ferrées
je regarde
dans mon passé
comme
dans mon rêve
je vois
l'homme qui regardait tomber la vie
il se tient au bord de son balcon
dans l'ombre
il se disait« ce serait bien si je pouvais compter pour quelqu'un »
je pensais « tu n'es jamais là ! Avec toi, c'est du passé »
au cœur de cette théorie intervient le vent
mon rêve blanc passe
je te laisse
je vois
ailleurs une nouvelle tentative
dans une autre vie
dans un autre monde
je vois
que tu ne veux même plus me quitter
tu es une autre personne
je traverse pieds nus la chaussée gelée
je vois
tes yeux, ta voix, ton rire, tes gestes, tes mots, tes doigts, tes mains
impossible de vivre loin de tes fantômes
Tim Burton - Edward aux mains d'argent