Election - Clara Elliott
Désillusion express
ne jamais dire j'ai raclé ton sang
nous trahirons les nouveaux commissaires du peuple
le septième étranger, la parfaite poussière
nous n'aurons pas trop de nuits tu dis
pour capter sans faille les corps corrompus
lorsque nous nous parlons
le rêve d'une vie nouvelle demeure intacte
pourtant quand la nuit arrive ils nous traquent comme des chiens
effleurer l'ombre tu dis
c'est chaque fois redescendre l'abyme
c'est chaque fois recommencer la folle histoire du monde
redis les larmes
redis le sang
redis le monde est une sale pute
soulève-toi William Wallac soulève-toi
soulève-toi Ulrike Meinhof soulève-toi
soulève-toi Vladimir Maïakovski soulève-toi
soulève-toi Arthur Rimbaud soulève-toi
soulève-toi Pier Paolo Pasolini soulève-toi
soulève-toi Sitting Bull soulève-toi
soulève-toi John MacLean soulève-toi
soulève-toi Augusto Cesar soulève-toi
soulève-toi Wolfe Tone soulève-toi
soulève-toi Jim Morrison soulève-toi
soulève-toi Jack Spicer soulève-toi
soulève-toi John Lennon soulève-toi
soulève-toi Hugh MacDiarmid soulève-toi
soulève-toi Ernesto Che Guevara soulève-toi
soulève-toi Stuart Christie soulève-toi
soulève toi Ho Chi Minh soulève-toi
soulève-toi Georgez Orwell soulève-toi
soulève-toi Antonin Artaud soulève-toi
soulève-toi redis soulève-toi soulève-toi
nos rêves seront toujours pétris d'argile et de merde
- embrasse-les pour moi.
J'aime beaucoup ce poème car il représente bien le recueil dont il est tiré. L'engagement et le style sont les propres de Clara Elliott, elle frappe, ça fait mal, et c'est bon. Ensuite, l'anaphore "soulève-toi" renvoie à de nombreux révolutionnaires, dans plusieurs sens du terme, ce qui accentue l'effet du soulève-toi qui nous est en fait adressé. De plus chaque nom nous permet d'approfondir une culture générale autour de gens - s'ils ont révolutionné quelquechose - forcément passionnant.