Édito politique - Face à la guerre
Face à la guerre
La guerre existe depuis des siècles, avec des conséquences dramatiques. La guerre est aujourd'hui une invention dépassée, obsolète, poussiéreuse et moyenageuse. Le temps de la débauche médiévale est désormais révolu. Notre époque est chrétienne, et le contexte même devrait suffire à ôter de l'esprit des croyants l'idée même de la guerre de conquête.
Mais cela n'empêche pas certains monarques peu scrupuleux d'envahir des terres sur lesquelles ils n'ont aucun droit. La guerre ne doit pas servir à agrandir son royaume, mais à le protéger et le conserver. Pourquoi, aujourd'hui, les hommes ne peuvent-ils se satisfaire d'une vie paisible, pourquoi, aujourd'hui, ne peuvent-ils vivre en bons amis pour leurs voisins, pourtant soucieux de préserver une relation privilégiée avec eux ? Lorsque son peuple est attaqué, le roi doit s'efforcer, avant même de répondre par les armes, de tenter d'apaiser l'ennemi, de sauvegarder la paix entre les royaumes. La tentative n'est pas forcément vouée à l'échec, mais face à un monarque têtu, elle a peu de chances d'aboutir. Il n'est toutefois pas vain d'essayer, le seigneur courageux étant celui qui tente de préserver la paix, et non celui qui, trop ambitieux, ira ennuyer ses voisins.
Au chapitre 28 de Gargantua est inscrite cette phrase : « Je n’entreprendrai guerre que je n’aie essayé tous les arts et moyens de paix ». Extraite d'une lettre adressée par Grandgousier à Gargantua, on y perçoit le courage et l'esprit raisonnable du seigneur, en contraste avec Picrochole, mal conseillé et à l'ambition démesurée.
D'ailleurs, le bon roi est aussi celui qui essaie de raisonner l'ennemi en ridiculisant ses velléités conquérantes. Pour ceux qui se voient maîtres du monde, avant même d'avoir soumis le village d'à côté, sachez qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Attaquer est une chose, mais l'essentiel réside dans la défense de ses terres. Ce pauvre Picrochole pourrait vous le dire, il avait la tête de l'autre côté de la planète et s'est retrouvé dépourvu de tout royaume. Tel est pris qui croyait prendre !
Enfin, le bon roi est celui qui, s'il doit combattre, le fait de façon maîtrisée, modérée, car après la guerre, il faudra reconstruire la paix avec ses anciens ennemis.
Prenons donc tous l'exemple de Grandgousier et célébrons ce roi généreux, bon, simple et réfléchi, mais malheureusement utopique. Incarnons-le, afin que la paix ne soit plus un rêve. Ainsi, à tous, je dis ceci : « Faites l'amour, pas la guerre ».
Par François Rabelais