Atelier d'écriture i-poème - Etape 5 à 7 : Lire-écrire-publier
Les lycéens français et italiens d'i-voix se sont lancés dans un projet d'écriture
inspiré des travaux poétiques de Christine Jeanney
notamment de ses Todolistes
i-poèmes
i comme i-voix
i comme images
i comme internet
i comme il y a
un travail d'écriture poétique, collaborative et numérique,
qui doit permettre à chacun
d'aller à la découverte de l'autre et de soi,
par les mots et les images
Etape 1 : Photographier
= Prendre une photo originale de son environnement pour faire découvrir à ses camarades une image singulière de sa ville, de sa région, de son pays
Etape 2 : Publier sur Twitter
= Tweeter au moins une photo en utilisant le hashtag #imivoix (pour "image i-voix") et en précisant le lieu
Etape 3 : Choisir
= Parcourir l’ensemble des tweets comprenant le hashtag #imivoix et choisir une photo que l’on trouve susceptible d’inspirer l’écriture
Etape 4 : Regarder
= S'approprier l'image par la rédaction d'un texte descriptif
pour lire la présentation des 4 premières étapes de travail
pour lire un exemple de description #imivoix
Etape 5 : Lire
Arthur Rimbaud par Ernest Pignon-Ernest
Enfance (III)
Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir. Il y a une horloge qui ne sonne pas. Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches. Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte. Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée. Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois. Il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse.
Arthur Rimbaud Illuminations (1886)
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Quelques éléments d'analyse du texte construits collectivement :
- le poème est rythmé par une anaphore
- "il y a" = impression d’un inventaire de choses vues (lors d’une promenade dans un bois ?), d’une description de la réalité
- or les éléments décrits paraissent irréels : des hallucinations (cf. écriture fragmentaire et percutante) ? des rêves (cf. contradictions) ? des souvenirs (cf. thème de l'enfance) ?
= jeu sur la présence-absence qui constitue un bel exercice de la voyance poétique chère à Rimbaud : arriver par les mots à l’inconnu dont on est affamé-assoifé, saisir l’inaccessible même fugitivement (on est finalement, tristement, chassé de ce bois enchanté).
Etape 6 : Ecrire
Mission : écrire un poème en prose inspiré de la photographie choisie et du poème « Enfance » de Rimbaud. |
Quelques éléments d'analyse du sujet construits collectivement :
- l'anaphore pourra subir des variations : il y a / il y a eu un jour / il y aura une fois (invitation à explorer tout à la fois le réél, la mémoire, l'imaginaire)
- il s'agit de passer d'un texte descriptif (étape 4) à un texte poétique : pistes = jeux sur les sonorités et les rythmes, art de l'image, effets de rupture et de clôture ...
Etape 7 : Publier
hashtag : #ipoème
- le tweet, art de l'instantané, incite à la fulguration de la "chose vue", entrevue, pensée, rêvée
- la contrainte des 140 caractères invite à ciseler, elle stimule le travail sur la langue, elle peut se faire écran-écrin de la phrase
- le réseau social devient alors l'espace d'une construction poétique de soi et d'un partage poétique du monde
Quelques exemples d'i-poèmes en tweets :
(cliquer sur les images pour agrandir les captures d'écran)
2- Sur le blog i-voix : publication du poème entier avec insertion de l'image et indication du nom du photographe
Exemple d'i-poème :
Poème en prose réalisé par Jeanne
à partir d'une photo adressée via Twitter par Valerio.
Au coucher du soleil il y a l'ombre, souriante et rose, du spectre vivant.
Il y a eu une nuit l'extrême clarté du brouillard.
Il y a eu la crédulité des chaînes libres et sauvages.
Il y a eu dans le vide l'envol des plumes vertes.
Il y a eu une nuit la cécité saisissante de l'éblouissement.
Il y a une brûlure glacée, qui survole de la dentelle obscure.
Il y a des rayons aiguisés qui transpercent le ciel de plaies blanches.
Il y a un organe asséché, apeuré des couleurs chatoyantes.
Il y a de la poussière blanche qui scintille sur des aspérités noirâtres.
Il y aura un jour l'insolente rondeur de l'astre
qui resplendira.
Les i-poèmes sont en cours de publication
sur le blog i-voix dans la catégorie "Poésies - divers"
"Ce qu'on peut seulement peindre de la ville, c'est cette ouverture parfois du temps, qui est l'homme"
(François Bon, Dehors est la ville)